La ville de Goma a célébré une messe d'action de grâce ce mardi 8 juillet en l'honneur du Bienheureux Floribert Bwana Chui, ancien fonctionnaire de l'État et « martyr de l'honnêteté et de l'intégrité morale ». Cet événement s'est tenu en marge de la translation officielle des restes du jeune martyr, attirant des milliers de fidèles catholiques, ainsi que des personnalités de l'Église catholique venues de diverses provinces du pays et du Rwanda.
La célébration, présidée par Monseigneur Fulgence Muteba Mugalu, archevêque de Lubumbashi et président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), a marqué la translation des restes de Floribert depuis le cimetière Kanyamuhanga vers le sanctuaire d’adoration de la paroisse Saint Joseph, située dans le quartier Office.
L'atmosphère de prière et de chants religieux a ponctué la cérémonie, où les hommages ont afflué, réaffirmant la vie exemplaire de Floribert Bwana Chui et la signification de son sacrifice. Monseigneur Muteba a incité la population à suivre l'exemple de celui qui a sacrifié sa vie pour la protection des autres et le refus de la corruption.
« Floribert était fonctionnaire de l'État. Nous savons tous quelle image la société a généralement des fonctionnaires de l'État. Mais Floribert Bwana Chui a fait la différence : il a démontré que celui qui est animé d'une foi authentique en Jésus-Christ ne peut pas reculer face à l'invasion des antivaleurs. Cela signifie que, dans notre contexte actuel, vivre sa foi revient à aller à contre-courant.
Il ne faut pas simplement faire comme tout le monde. Est-ce que, parce que nous sommes tous ici, nous devons forcément céder à la corruption ? Tu arrives quelque part, tu rencontres des agents de la PCR, tu sais que tu as commis une infraction, et tout de suite, tu cherches comment donner de l'argent pour les corrompre. Et nous trouvons cela normal ?
Ce jeune homme, Floribert, vient de nous montrer que si nous voulons bâtir une société juste, si nous voulons révéler ici-bas le visage du Royaume des Cieux, alors nous devons accepter d'aller à contre-courant », a-t-il martelé.
Émue, la famille du défunt, notamment sa mère, était présente, entourée de nombreux évêques provenant de tout le pays et du Rwanda. Parmi eux, des archevêques et évêques des régions du Sud-Kivu, du Haut-Katanga, de l’Ituri, de Butembo-Beni, de Bukavu, d’Uvira, ainsi que de Biumba au Rwanda, et même le père Angelo Romano, dépêché depuis Rome, illustrant l'envergure internationale de cet hommage.
Floribert Bwana Chui Bin Kositi a été enlevé le 7 juillet 2007, son corps a été retrouvé deux jours plus tard près de l’Université Libre des Pays Grands Lacs (ULPGL) à Goma, et c’est son refus de céder à la corruption qui lui a coûté la vie. En tant que jeune commissaire au sein de l’Office Congolais de Contrôle (OCC), il devait s'assurer de la conformité des produits à la frontière Est de la République Démocratique du Congo. Confronté à la problématique d'autoriser l'entrée en RDC de denrées alimentaires en provenance du Rwanda, n'ayant pas obtenu les autorisations nécessaires, Floribert a préféré mourir plutôt que de laisser passer des aliments susceptibles de nuire à de nombreuses personnes. Sa volonté d'honnêteté et son intégrité morale ont ainsi conduit à son martyr.
En novembre 2024, le pape François a reconnu Floribert comme « martyr de l'honnêteté et de l'intégrité morale », soulignant que son martyre est lié à la corruption et à l'emprise de l'argent qui « pollue l’avenir et les espoirs de l’Afrique ». Sa béatification est intervenue le 15 juin à Rome. Avant lui, trois autres Congolais ont déjà été élevés à ce titre pour avoir été martyrisés à cause de leur foi et de leur intégrité. Il s’agit de la sœur Anuarite Nengapeta du diocèse de Wamba (Haut-Uele), le laïc Isidore Bakanja de Mbandaka (Equateur) et l’abbé Albert Joubert, du diocèse d’Uvira (Sud-Kivu) récemment béatifié avec trois missionnaires xavériens dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Josué Mutanava, à Goma