Pour le Chef de l'Etat congolais, Félix Tshisekedi, sa visite d’Etat effectuée à l’invitation de son homologue, le Président de la République populaire de Chine Xi Jinping à Beijing, capitale de la Chine du 24 au 29 mai 2023, a été l'occasion de passer en revue l'état des relations historiques et d'amitié qui lient les deux États depuis 51 ans et d'en favoriser la mue vers un partenariat de coopération stratégique et globale en agréant ensemble, en vue de la matérialisation effective, la revitalisation de la commission mixte de coopération économique et commerciale Chine-République démocratique du Congo.
Au cours du briefing presse tenu lundi 5 juin, le ministre des finances Nicolas Kazadi a expliqué la nécessité de la mutation du partenariat "Mines contre infrastructures" à la nouvelle vision que propose la RDC à la Chine, axée sur un "partenariat de coopération stratégique et globale."
Pour l'argentier congolais, le premier partenariat avec la Chine n'a pas été bien négocié d'où la nécessité d'en proposer un autre dans un cadre purement amical.
"Mines contre infrastructures n'est pas comparable au partenariat stratégique et global. Ce dernier est la philosophie générale de notre partenariat. Le premier partenariat n'a pas été équilibré, bien négocié et bien mis en oeuvre. Les responsabilités sont partagés. C'est ce que nous voulons corriger en toute amitié avec la Chine. S'il y a un différent on va le régler en toute amitié avec la Chine. Il n'y a pas des raisons qu'on se fasse la guerre parce qu'on estime qu'il y a un déséquilibre. C'était important cette visite car elle réaffirme que la Chine reste un partenaire prépondérante pour la RDC. Nous tenons à ce que ce partenariat soit gagnant-gagnant", a expliqué Nicolas Kazadi.
Cette nouvelle perspective initiée par la RDC va rectifier plusieurs accords miniers notamment Tenke Fungurume Mining SA, l’un des plus grands producteurs de cuivre et cobalt, filiale de la China Molybdenum.
"Nous avons des rectifications à faire sur le contrat TFM à la base des données erronées que l'entreprise chinoise a hérité auprès de ses prédécesseurs américains. Nous voulons des accords justes quel que soit le pays partenaire", a-t-il fait savoir.
Dans sa nouvelle approche avec la Chine, la RDC veut bénéficier de la valeur ajoutée du partenariat Sino-Congolais et tient au respect strict des normes sociales et environnementales.
"Lorsqu'on parle de partenariat stratégique et global, c'est parce que nous voulons élargir la vision. Au moins pendant un temps nous resterons très liés. La Chine est le premier pays de transformation du cobalt. Nous voulons transformer localement et que la valeur ajoutée reste au pays. La production artisanale également mérite de progrès sur le plan du respect des normes sociales, environnementales, etc. La partie chinoise s'est engagée à parler à leurs entreprises pour que nous soyons divergents sur le respect de ces normes", a laissé entendre Nicolas Kazadi.
Pour ce dernier, la Chine demeure un partenaire incontournable pour plusieurs pays du monde.
"Aujourd'hui à l'échelle mondiale, aucun pays ne peut faire sans la Chine. Le plus important pour la RDC est de faire bien pour les bénéfices globales des pays partenaires et de l'humanité raison pour laquelle la question de l'environnement a fait partie des discussions", a-t-il conclu.
Rappelons que dans un rapport d'enquête, l'Inspection Générale des Finances avait dénoncé le caractère déséquilibré du contrat Chinois signé sous le régime de Joseph Kabila par lequel la Chine s'était engagée en échange de l'exploitation des richesses minières à construire des infrastructures dont le pays a fortement besoin depuis son accession à l'indépendance. La partie chinoise s’était engagée via un groupement d’entreprises chinoises (GEC), à construire 3.500 km de routes, autant de kilomètres de chemins de fer, 31 hôpitaux de 150 lits et 145 centres de santé. Le tout pour une valeur estimée à 6,5 milliards de dollars et en échange de concessions minières en RDC et de prêts à l’État congolais.
Plusieurs années après cet échec, le Président Félix Tshisekedi vient d'effectuer pour la première fois sa visite d'État en Chine en vue de tenter de rééquilibrer les choses dans le cadre de ce contrat auprès des autorités chinoises à la veille de la reprise des discussions à Kinshasa entre la RDC et la partie Chinoise.
Jordan MAYENIKINI