RDC : l’ODEP propose une nouvelle politique agricole et déplore le faible budget alloué à ce secteur qui n’a jamais dépassé 2 à 3% (étude)

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Photo d'illustration

Jusque fin 2022, le budget du secteur agricole en République Démocratique du Congo  n’a jamais dépassé 2 à 3% de prévision du budget et souvent moins de 1% à la phase d’exécution ce qui représente environ 50 millions de dollars. Le budget de la recherche agronomique n’a jamais dépassé 0,01% du budget pendant que l’accord de Maputo recommande aux pays de la SADEC de réserver à l’agriculture 10% du budget global. C’est ce que révèle une étude de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) publiée samedi 20 mai 2023.

L’ODEP constate dans son étude que le secteur agricole est maintenu dans un rôle d’accompagnement d’autres secteurs, « c’est ce qui l’a plongé dans une crise chronique qui s’est traduite par l’insuffisance de la production alimentaire, l’insuffisance de l’approvisionnement industriel d’origine agricole et la chute de la production agricole exportée ».

« Si l'on veut réellement développer ce pays, l'agriculture doit devenir la priorité des priorités. Il n'y a pas un secteur qui peut permettre la diversification de notre économie et créer plusieurs emplois tel que le secteur agricole. Les Etats-Unis l'ont compris; au-delà d'être une puissance nucléaire, elle est également la première puissance agricole mondiale. Pourquoi la RDC ne priorise pas ce secteur ? », a déclaré Florimond Muteba.

Le PCA de l’ODEP déplore le détournement qui caractérise plusieurs institutions du pays. De l’argent volatilisé qui aurait pu servir à financer le secteur agricole.

« Ce qui est détourné par mois en RDC est supérieur à tout le budget qu'on alloue à l'agriculture par année. Par exemple, plus de 60 millions par mois est détourné dans la paie des enseignants alors que le budget de l'agriculture est de 50 millions par an. Les budgets de l'agriculture, de la défense et de l'éducation doivent être les plus élevés », a déploré Florimond Muteba.

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Florimond Muteba et Jacques Katshalewa, PCA et Directeur exécutif de l'ODEP. Ph/ACTUALITE.CD

Nouvelle politique agricole en RDC

Cette ONG spécialisée en finances publiques propose une nouvelle politique agricole qui repose sur un choix politique volontariste basé sur six volets.

Primo, l’ODEP propose « l’appui des structures d’accompagnement des paysans ». L’ONG propose à l’Etat congolais de veiller à ce que le monde paysan soit en bonne santé et jouisse d’un équilibre nutritionnel et d’un système efficace de prévention sanitaire. Aussi, de veiller à ce qu’il dispose  d’un espace économique suffisant, défini par les conditions d’accès à la terre et par le rapport des prix des facteurs de production et des produits.

Deuxio, « la mise en avant d’une autre logique technologique ». L’ODEP exige à ce que les systèmes : culturaux et fonciers doivent respecter les équilibres de reproduction, fertilité, contrôle des maladies, association agricole /élevage, respect des contraintes spécifiques de main-d’œuvre et du calendrier cultural…

Tertio, « la reconquête des marchés urbains ». Pour l’ODEP, si l’on veut concurrencer le produit importé, intégrer les qualités appréciées dans les produits importés (goût, hygiène, présentation) sans négliger la culture alimentaire locale dans laquelle ces nouveaux produits prendront racine.

Quarto, « la révision de la structure des prix et délimitation d’un cadre régional d’échange ». L’ODEP estime que des prix au producteur stables et élevés sur une longue période peuvent permettre une auto-accumulation dans l’agriculture traditionnelle, le surplus pouvant être orienté vers des investissements agricoles de productivité.

Les prix au consommateur doivent devenir vrais sans excéder ceux pratiqués dans les filières concurrentes. Ces prix doivent être pratiqués dans un contexte régional plus ou moins protégé des flux commerciaux des produits alimentaires importés, non par des interdictions mais par le biais de la fiscalité.

Quinto, « la mobilisation de l’épargne et la régulation des stocks alimentaires ». L’ODEP estime qu’elles sont nécessaires afin de reconstituer des mécanismes de sécurité et de lutte contre les aléas climatiques : épargne monétaire, stocks viviers, troupeaux.

Sexto, « intégration des filières de production ». L’ODEP propose le maintien des prix rémunérateurs à la production durablement et maintenir la pression sur les prix aux consommateurs supposent une révision des coûts de commercialisation et de transformation.

Jordan MAYENIKINI