Plus de 1.200 morts du choléra au Malawi, augmentation "exponentielle" de cas en Afrique (OMS)

Prise en charge des malades de choléra
Prise en charge des malades de choléra

L'épidémie de choléra la plus meurtrière jamais enregistrée au Malawi a fait 1.210 morts depuis mars 2022, a alerté jeudi l'OMS, qui signale des cas dans les pays voisins et ailleurs en Afrique, en appelant à des "interventions fortes".

Le choléra est endémique au Malawi depuis 1998, avec des flambées pendant la saison des pluies (de novembre à mai), mais l'épidémie actuelle s'est étendue à la saison sèche, selon le dernier bulletin épidémiologique de l'Organisation mondiale de la santé publié à son siège de Genève. Près de 37.000 cas y ont été signalés depuis mars.

Lors d'un briefing hebdomadaire depuis Brazzaville, le bureau régional Afrique de l'OMS s'est de son côté alarmé d'une "augmentation exponentielle du nombre de cas de choléra notifiés" sur le continent.

Au cours du premier mois de 2023 uniquement, il "a déjà atteint plus de 30% du nombre total de cas enregistrés sur l'ensemble de l'année 2022", précise l'OMS-Afrique.

Selon les estimations, dit-elle, 26.000 cas et 660 décès avaient été notifiés au 29 janvier dans dix pays africains affectés. En 2022, environ 80.000 cas et 1.863 décès avaient été enregistrés dans 15 pays. 

"Si la tendance actuelle à la hausse rapide se poursuit, le nombre de cas pourrait dépasser celui enregistré en 2021, qui était la pire année pour le choléra en Afrique en près d'une décennie", estime le bureau Afrique de l'organisation.

La majorité des nouveaux cas et des décès a été enregistrée au Malawi, constate-t-il, en ajoutant que les voisins de ce pays, "en particulier le Mozambique et la Zambie, ont aussi signalé des cas récemment".

En Afrique de l'Est, ajoute l'OMS-Afrique, "l'Ethiopie, le Kenya et la Somalie font face à des épidémies dans un contexte de sécheresse sévère et prolongée". Le Burundi, le Cameroun, la République démocratique du Congo et le Nigeria "ont aussi rapporté des cas".

- "Scénario inquiétant" -
"Nous assistons à un scénario inquiétant dans lequel les conflits et les phénomènes climatiques extrêmes aggravent les facteurs de risque du choléra", a souligné la Dre Matshidiso Moeti, directrice Afrique de l'OMS.

Au Malawi, l'épidémie a été déclarée urgence de santé publique par le gouvernement le 5 décembre dernier. L'OMS vient en aide aux autorités, notamment en fournissant des kits de traitement et en augmentant les capacités de dépistage.

Mais "avec une forte augmentation des cas observés au cours du mois dernier, on craint que l'épidémie ne continue à s'aggraver en l'absence d'interventions fortes", indique l'OMS à Genève.

L'organisation juge "urgent d'améliorer l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène". L'un des facteurs contribuant au taux élevé de létalité dans certaines régions est la détection tardive des cas car les malades se présentent trop tard dans les établissements de santé, explique l'OMS.

Près de trois millions de personnes ont été vaccinées (vaccin oral) jusqu'à présent. Mais une partie de la population malawite refuse les traitements au nom de croyances religieuses, ce qui contribue à la propagation de la maladie.

Le choléra est contracté par l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par une bactérie. Il provoque généralement diarrhées et vomissements et peut être très dangereux pour les jeunes enfants.

Après des années de déclin, le monde fait face à une recrudescence du choléra, favorisée par les effets du changement climatique. Actuellement, 23 pays connaissent des épidémies, selon l'OMS.

Cette situation limite la disponibilité des vaccins, des tests et des traitements. La maladie menace plus d'un milliard de personnes dans le monde, a encore dit mercredi le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

L'OMS évalue le risque de choléra au niveau mondial comme étant "très élevé" en raison des flambées en cours dans de nombreuses régions.

 

AFP avec ACTUALITE.CD