La police administrative, direction des renseignements généraux, a lancé un avis de recherche pour retrouver 6 personnes poursuivies pour participation à des mouvements insurrectionnels dans les provinces du Kwilu, de Kwango et de Mai-Ndombe. Les recherchés sont cités comme auteurs intellectuels du conflit intercommunautaire entre Teke et Yaka dans cette partie du pays. Il s'agit des nommés Odon Nkumbu Kiamvu, Kapenda, Saddam, Cobra, Ephraïm et Américain, “non autrement identifiés”.
Parmi les précités, le “faux” chef Kiamvu récemment dénoncé par les gouverneurs du grand Bandundu comme ayant écrit à l'administrateur du territoire de Kwamouth, qu'il "viendrait installer un chef coutumier Yaka à Kwamouth", situation qui, selon le gouverneur Jean-Marie Peti Peti du Kwango "avait mis la poutre sur le feu".
La police demande aux services de sécurité de Kinshasa et aux commissaires provinciaux de la police des provinces de Kwilu, Kwango et Mai-Ndombe d’appréhender les personnes recherchées et de les acheminer à la direction des renseignements généraux.
Pour certains élus de la région du Grand Bandundu, cette action est tardive d'autant plus que certaines personnes recherchées comme le faux chef Kiamvu auraient participé aux assises organisées par le gouvernement à Kinshasa autour de ce conflit, sans être inquiétées.
"Il était longtemps resté en liberté alors que tout le monde savait que c'était lui qui était l'auteur initial. On pouvait bien, à ce moment- là, l'interpeller et chercher quelle était exactement la vérité sur cette assertion là", déclare le député national Sylvain Delma Mbo.
Cet élu invite tout de même la police à mener à bien les enquêtes pour que ces personnes répondent de leurs actes.
"Pour l'instant moi je trouve que c'est tout à fait juste que la police puisse effectivement chercher à ce que l'on puisse les retrouver, lui-même comme tous les autres qui se sont impliqués dans cette affaire là que nous avons connue dans Kwamouth et dans Bagata", conclut-il.
Ces atrocités ont commencé en juin dernier. Au départ, il s'agissait d'un désaccord sur les redevances coutumières. Fixées à un sac par les autorités locales Teke, ces dernières ont été accusées par les Yaka de les avoir augmentées à 5 sacs après la récolte. Ce que les Yaka n'ont pas accepté d'exécuter. En sus, les Teke ont alerté que les Yaka auraient entrepris la démarche de déloger leurs autorités traditionnelles pour installer les leurs dans certains villages en recourant aux armes non conventionnelles. C'est alors que les Teke vont déclencher un mouvement pour chasser tous les Yaka dans le territoire de Kwamouth. C'est ainsi que tout a dégénéré jusqu’à provoquer des incendies, des meurtres. Certains éléments des forces de l'ordre et de sécurité dépêchés en mission de paix ont été pris en otage par les assaillants armés, et d'autres tués.
A Kwamouth, plus de 200 personnes ont trouvé la mort depuis le mois de juin. Des nombreux villages restés inhabités notamment le long de la RN17, des écoles et maisons incendiées. Jusqu'à ce jour les cours n'ont pas encore repris dans plusieurs villages excepté la cité de Kwamouth.
Ces violences ont atteint en septembre dernier le territoire voisin de Bagata (Kwilu) où plus de 9 villages ont été touchés, plus de 40 personnes tuées.
Jonathan Mesa à Bandundu