Moscou a utilisé au moins sept types de mines antipersonnel en Ukraine (Observatoire des mines)

Mine/Photo d'illustration
Mine/Photo d'illustration

La Russie a utilisé au moins sept types de mines antipersonnel à fragmentation et à effet de souffle depuis son invasion en Ukraine le 24 février, révèle le rapport 2022 de l'Observatoire des Mines rendu public jeudi.

C'est une "situation sans précédent, dans laquelle un pays qui n'est pas encore partie au traité utilise l'arme sur le territoire d'un Etat partie", selon ce rapport qui mesure la mise en oeuvre de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel de 1997 (ou Traité d'Ottawa).

L'utilisation par la Russie - pays qui a le plus gros stock mondial de mines antipersonnel (26,5 millions) - de ce type d'armes en Ukraine a été fermement condamnée par divers pays.

Six des types de mines sont à fragmentation (MOB, MON-50, MON-100, OZM-72, POM-2/POM-2R et POM-3). La Russie utilise également des mines à effet de souffle (PMN-4). Toutes ont été produites par la Russie ou l'URSS, selon le rapport.

Le nombre de victimes civiles de mines et d'autres restes explosifs de guerre enregistré en Ukraine durant les neuf premiers mois de l'année (277) est près de cinq fois plus élevé que le nombre de victimes enregistré en 2021 (58), constate par ailleurs le rapport. 

Actuellement, 164 Etats sont parties au traité d'Ottawa et un signataire, les Îles Marshall, ne l'a pas encore ratifié. Vingt-cinq ans après son adoption, il reste l'un des traités de désarmement les plus ratifiés.

Mais après une réduction significative du nombre de victimes suite à l'entrée en vigueur du traité, ce nombre a atteint des niveaux "dramatiquement" élevés au cours des sept dernières années, selon le rapport. 

Au moins 5.544 personnes ont été blessées ou tuées en 2021. Les civils représentaient la majorité des victimes enregistrées, la moitié étant des enfants.  

- 3,3 millions de mines en Ukraine - "La situation nécessite une action gouvernementale immédiate et coordonnée", selon Marion Loddo, responsable éditoriale de l'Observatoire des mines.

L'année passée, la Syrie, non-signataire au traité, a enregistré le plus grand nombre de victimes annuelles (1.227), suivi de près par l'Afghanistan (1.074), Etat partie.

Le rapport, qui porte sur la période allant du milieu de 2021 jusqu'à octobre 2022, souligne qu'outre la Russie, la junte en Birmanie, qui n'est pas partie au traité, a elle aussi recours à ces armes pour lutter contre la rébellion. 

Des groupes armés non-étatiques ont également utilisé des mines antipersonnel dans au moins cinq pays : Colombie, Inde, Birmanie, République centrafricaine et République Démocratique du Congo, durant la période couverte par le rapport.

Les actions de déminage dans le monde constituent un autre important défi.

Comme lors des années précédentes, la majorité du déminage en 2021 a été accomplie par le Cambodge et la Croatie.

Trente Etats parties ont complété leurs obligations de déminage depuis que le Traité d'Ottawa est entré en vigueur en 1999. Mais, seulement deux des 33 Etats parties toujours contaminés semblent être en mesure de respecter leurs échéances de déminage prévues par le traité, à savoir le Sri Lanka et le Zimbabwe.

Une autre préoccupation concerne le financement toujours plus réduit de l'assistance aux victimes. Selon le rapport, l'année 2021 a vu le niveau le plus bas de financement pour ce secteur depuis 2016, malgré les besoins grandissants et le nombre élevé de victimes observé ces dernières années.

A ce jour, 94 pays ont déclaré avoir terminé la destruction de leurs stocks, le dernier en date étant le Sri Lanka en 2021. 

Deux pays demeurent en violation du traité pour ne pas avoir détruits leurs stocks dans les délais: l'Ukraine et la Grèce qui possèdent respectivement 3,3 millions et plus de 343.000 mines antipersonnel.

 

AFP avec ACTUALITE.CD