100 jours déjà depuis l’occupation de Bunagana: Macron réussira t-il là-où l’UA, l’EAC et la CIRGL marquent le pas ?

Emmanuel Macron, Félix Tshisekedi et Paul Kagame
Emmanuel Macron, Félix Tshisekedi et Paul Kagame

Le ton ainsi que les mots employés par Félix Tshisekedi du haut de la tribune des Nations unies résonnent encore. Pour parvenir à la désescalade avec son voisin rwandais, le Chef de l’Etat congolais avait proposé cinq actions: 

  • le retrait immédiat du M23 des localités occupées;
  • le retour des déplacés congolais de ces localités à leurs domiciles et la cessation sans condition du soutien de l’armée rwandaise à ce groupe terroriste, la multiplication des pressions sur le Rwanda et le M23; 
  • l’appui à la poursuite du processus de paix de Nairobi, des discussions de Luanda RDC-Rwanda et le déploiement de la Force régionale de l’Afrique de l’Est
  • le soutien à la médiation assurée par le Président honoraire du Kenya, UHURU KENYATTA et le Président de l’Angola JOÃO LOURENÇO;
  • la levée pure et simple de toutes les mesures restrictives de l’acquisition des équipements militaires, quelle qu’en soit la forme édictée par le Conseil de sécurité de l’ONU.

L’on se rappellera de l’espoir suscité par le processus de Luanda avec notamment la tenue le 6 juillet de la grande commission mixte RDC-Rwanda dans la capitale angolaise. Kinshasa et Kigali s’étaient engagés à contribuer à la normalisation des relations entre les deux camps en encourageant la désescalade. Cependant, dès le lendemain, le M23 avait rejeté la décision de cessez-le-feu annoncée par la médiation angolaise et s’était dit pas concerné. C’est ainsi que les combats avaient repris sur le terrain dès le jour suivant. Et contrairement aux prescrits de la feuille de route signée à Luanda, le M23 ne s’est toujours pas retirer des zones récemment conquises. 

Il s’en est suivi plusieurs autres déclarations et réunions, sans succès. L’arrivée et les propos d’Antony Blinken de passage à Kinshasa avaient également suscité espoir à Kinshasa. Cependant, sur le terrain, à Bunagana particulièrement, le M23 règne toujours en maître depuis maintenant 100 jours. L’interview de Antonio Guterres n’a pas non plus été de nature a présagé une fin de la tension entre Kinshasa et Kigali eu égard aux positions de Kinshasa et de Kigali.

Mercredi à New York, le communiqué final publié à l’issue du déjeuner initié par Emmanuel Macron, n’était pas très différent de toutes les autres prises de parole antérieures de différentes instances: 

  • préoccupation face à la recrudescence des violences dans l’est de la République démocratique du Congo;
  • résolution à apporter une réponse régionale et coordonnée à la menace portée par les groupes armés terroristes dans la région;
  • agir de concert pour obtenir au plus vite le retrait du M23 de toutes les localités occupées et le retour des déplacés de guerre de ces localités à leur domicile, avec l’appui des Nations unies et de leurs partenaires de l’Union africaine, de la Communauté de l’Afrique de l’Est et de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL);
  • intensifier durablement leur coopération pour lutter contre l’impunité et mettre un terme à l’action des groupes armés dans la région des Grands Lacs, dont les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).

Et comme pour toutes les précédentes rencontres, ces efforts sont appelés à s’inscrire dans le cadre des initiatives régionales de paix existantes, notamment le processus de Nairobi. 

A ce stade, plusieurs questions demeurent: 

  • Quelle est la portée de cette rencontre à trois ? 
  • Qu’est-ce qui pourra changer ? 
  • Quelle conséquence directe sur le terrain ?
  • Bunagana restera encore combien de temps entre les mains du M23 et de leurs alliés ?
  • Quel impact sur le déploiement de la force régionale EAC ?

Si les réponses à ces questions ne sont pas vite trouver, la rencontre de New York n’aura alors servi à rien.