Au dernier jour de son séjour en terre congolaise, Antony Blinken a échangé jeudi avec cinq acteurs de la société civile Julienne Lusenge, défenseure des droits humains, présidente du conseil d’administration de Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral (SOFEPADI) et directrice du Fonds pour les Femmes Congolaises (FFC), Fred Bauma, secrétaire exécutif d’Ebuteli et militant de la Lucha (Lutte pour le changement), Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, Père Rigobert Minani Bihuzo du Centre d'études pour l'Action sociale (CEPAS) et Me Arsene Mukendi Tshidimu de l’Institut Dallaire.
L’un des points de plaidoyer développés par les activistes est la fermeté vis-à-vis de Paul Kagame. Ils ont demandé que soit clairement établi que les USA ne cautionnent pas les appétits économiques et belliqueux du Rwanda au prix du sang des congolais.
Certains parmi eux ont recommandé à Antony Blinken de développer un rapport de franchise avec la RDC, d’aller au-delà de l’affirmation des principes et de bonnes intentions pour pacifier l’Est de la RDC. Ils ont insisté sur la portée sous régionale de la crise dans la partie orientale du Congo-Kinshasa et de la nécessité d’une approche plus globale.
Certains acteurs de la société civile ont déclaré qu’ils ont l’impression que les USA portent leur attention davantage vers la Corne de l’Afrique, une stratégie matérialisée par la nomination d’un envoyé spécial américain pour la région. Ainsi, il ont par exemple proposé que soit également nommé un envoyé spécial pour la République démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique, pour marquer une nouvelle foi l’intérêt des USA sur cette partie du continent. Ce dernier, ont-il souhaité, devra être doté de ressources et qui dépende directement du Secrétaire d’État. Quelques jours plus tôt, la même requête avait été formulée dans un communiqué conjoint signé par plusieurs organisations et personnalités de la société civile et des intellectuels. « Une stratégie remise à jour et un envoyé spécial aideront à mettre en œuvre toute la gamme des outils diplomatiques, y compris des sanctions ciblées et modernisées, des restrictions de voyage émises par le Département d’État et des mesures contre le blanchiment d’argent, afin de réduire les conflits régionaux et de renforcer l’État de droit et la gouvernance démocratique », disaient-ils.
Il faut dire que la dernière expérience n’a pas été brillante. L’action de Peter Pham, qui est le dernier à occuper ce poste, n’a pas été particulièrement efficace. Nommé par Mike Pompeo, à l’époque secrétaire d’Etat, M. Pham était responsable de la coordination de la mise en œuvre de la politique américaine en matière de sécurité transfrontalière, des questions politiques et économiques dans la région des Grands lacs. L’Ancien vice-président et directeur du Centre de l’Afrique du Conseil de l’Atlantique, Pham était appelé à mettre l'accent sur le renforcement des institutions démocratiques et de la société civile, ainsi que sur le retour volontaire et en toute sécurité des réfugiés et des personnes déplacées de la région.