Jean Jacques Wondo, spécialiste des questions sécuritaires et de défense, s'oppose à la thèse selon laquelle la RDC est victime d'un complot des nations dites « grandes puissances » sur la question de son agression par le Rwanda à travers le mouvement rebelle du M23.
Selon ce chercheur diplômé de l'école royale militaire belge, les dirigeants congolais se considèrent comme des « mineurs non émancipés qui rejettent instinctivement sur autrui (…) la responsabilité de tous les malheurs ».
« L’Occident a certes une grande responsabilité dans la trajectoire dramatique actuelle du Congo après son indépendance. Mais je préfère faire preuve d’une certaine rationalité et de lucidité intellectuelle lorsque j’analyse la géopolitique mondiale. Or trop souvent, les théories dites complotistes se limitent méthodologiquement à une analyse exclusivement binaire et manichéenne dichotomique du monde. Les adeptes du complotisme ou de la théorie conspirationniste adhèrent généralement à une pensée totalisante absolue qui finit par les embrigader dans une réalité parallèle (vérité alternative, faits alternatifs ou faits parallèles) auxquels ils croient de manière dogmatique, laissant souvent de côté l’esprit critique. Ils sont convaincus de l’existence d’une élite maléfique qui pilote le contrôle du monde », a expliqué, à ACTUALITE.CD, Jean-Jacques Wondo.
Et de poursuivre :
« Je peux me résumer que le Congo, voire l’Afrique, est victime des convoitises de ses ressources naturelles mais aussi de l’irresponsabilité de son élite. Or trop souvent, on ne met pas suffisamment d’accent sur la responsabilité congolaise dans les drames qui nous secouent, du nord au sud. On préfère recourir au mécanisme psychologique de défense appelé « projection » qui consiste à nous considérer comme des mineurs non émancipés qui rejettent instinctivement sur autrui, étranger, la communauté internationale ou l’Occident la responsabilité de tous nos malheurs, plutôt que de nous investir sur notre résilience collective. Dans les domaines des relations internationales, les rapports entre Etats se fondent sur les rapports de forces et des intérêts, jamais sur la philanthropie. Malheurs aux faibles »
Le rapport entre Kinshasa et Kigali est très tendu depuis plusieurs mois. Paul Kagame ne cesse de nier son implication dans la recrudescence du M23. Plutôt, il accuse la RDC de soutenir le FDLR pour l'attaquer. Plusieurs mouvements citoyens ont appelé à la révocation de l'ambassadeur rwandais en RDC et à la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda.
Ivan Kasongo