Nord-Kivu: un mort et neuf blessés dans des affrontements entre miliciens mai-mai à Lubero

Miliciens à l'est de la RDC
Miliciens à l'est de la RDC

Un mort et neuf blessés dont un civil, tel est le bilan de deux affrontements qui ont opposé la soirée de mercredi et la journée de jeudi 21 juillet des miliciens mai-mai de l’UPLC à ceux de Mazembe dans la région de Buyinga, localité située à plus de 45 km à l’ouest de Butembo, en groupement Luongo (territoire de Lubero). 

Selon les sources d’ACTUALITE.CD, des mai-mai UPLC venus de la région de Biambwe, près de Nziapanda-Manguredjipa, pour « relever les FARDC » à Buyinga ont rencontré une résistance de la part des miliciens Mazembe basés à Mabambi, à une dizaine de km plus au Nord, dans le groupement voisin de Muhola.

Ils se sont affrontés mercredi soir, et sur place, un milicien UPLC a été tué et six autres blessés, avant que leur groupe ne se replie sur Buyinga d’où il est venu. Jeudi, des miliciens Mazembe ont poursuivi ceux de l'UPLC à Buyinga et se sont affrontés autour de 11 heures locales, provoquant une panique au sein de la population. Dans ces combats, deux miliciens Mazembe et un civil ont été blessés, ramenant le bilan à un mort et neuf blessés, ont rapporté à ACTUALITE.CD des sources administratives locales.

Depuis jeudi soir, un calme précaire règne dans la région, mais des habitants s’inquiètent de la coexistence des trois groupes mai-mai rivaux dans des villages proches.

« Après les affrontements de mercredi soir et ce jeudi, le calme est revenu. Chaque groupe est rentré dans sa position (UPLC à Buyinga, Mazembe à Mabambi, ndlr). Les habitants commencent à regagner leurs domiciles. Mais cela ne nous rassure pas. Car, nous avons maintenant trois groupes mai-mai différents dans un petit périmètre, les UPLC à Buyinga, les Mazembe à Mabambi (au Nord, sur l’axe Butembo, ndlr) et un autre groupe à Muhangi (à l’Est, sur l’axe Musienene, ndlr). On ne sait pas encore leur mobile tous, mais ils peuvent s’affronter à tout moment pour étendre leur influence dans la zone. Nous demandons aux autorités de nous envoyer des militaires plutôt que de laisser la sécurité en train entre les mains des miliciens », a déclaré à ACTUALITE.CD Pele Kitsongo, chef de localité de Buyinga.

Des miliciens, supplétifs des FARDC?

Après les avoir employés dans la riposte contre Ebola (2018-2020) pour sécuriser certains sites de prise en charge des patients dans les zones sous leur occupation, le gouvernement congolais avait décidé de cantonner les miliciens de l’UPLC à Kalunguta, sur l’axe Butembo-Beni, dans l’attente de leur désarmement et démobilisation. Mais face aux difficultés de prise en charge et au retard dans la mise en œuvre de l'ambitieux Programme de démobilisation, désarmement, réinsertion communautaire et stabilisation (P-DDRCS), les autorités auraient, selon des sources d’ACTUALITE.CD, contre toute attente, décidé de recourir aux miliciens de UPLC comme supplétifs pouvant relever les FARDC dans certaines zones en vue d’éviter le vide sécuritaire et éviter ainsi l’échec de ce processus de reddition volontaire.

De Kalunguta, certains groupes de UPLC auraient pris la direction de la région de Manguredjipa et ont érigé leurs bases dans certains villages situés à cheval entre les groupes Mwenye, Manzia et Bapakombe, notamment Biambwe et Liboyo.

Début juin, d’autres miliciens UPLC, estimés à une soixantaine, seraient venus "relever les FARDC" à Biambwe, à près de 20 km de Nziapanda et ont installé leur base dans un camp abandonné la veille par des militaires. Des activistes de droits de l’homme de la région soupçonnent que ceux qui se sont dirigés à Buyinga soient venus de Biambwe.  

Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD il y a deux semaines, Edgard Mateso, vice-président de la société civile du Nord-Kivu a exprimé sa crainte de voir ces miliciens qui se rapprochent de plus à plus des carrés miniers de Bapere prennent le goût de l’exploitation des ressources naturelles, notamment de l’or, pour devenir incontrôlables.

Claude Sengenya