RDC-Rwanda-M23 : la seule réponse diplomatique à une crise qui, à la base, est militaire, semble très insuffisante et inefficace (expert en défense et sécurité)

Bunagana, Ph. DT
Bunagana, Ph. Droits tiers

Spécialiste des questions sécuritaires et de défense, diplômé de l'Ecole royale militaire de Belgique, Jean-Jacques Wondo, s'est confié à ACTUALITE.CD au sujet de la résurgence du mouvement rebelle du M23 qui, en dépit de la récente tripartie RDC-Rwanda sous la médiation angolaise, continue d’occuper certaines cités de la RDC dont Bunagana, près de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu. 

A ACTUALITE.CD, ce chercheur en Géopolitique a laissé entendre qu’une réponse diplomatique à une crise qui est à la base “militaire”, est “très insuffisante et inefficace”. 

" La diplomatie et la guerre sont les matrices des relations internationales. Elles doivent être utilisées concomitamment. Mais la seule réponse diplomatique à une crise qui, à la base, est militaire, me semble très insuffisante et inefficace. Ce, pour la simple raison que la RDC se trouve dans une posture géopolitique d’un pays militairement vaincu par les Etats de la région qui veulent la contrôler politiquement, militairement et surtout exploiter ses nombreuses ressources naturelles. Sans une réponse militaire efficace et exemplaire contre le M23 et d’autres groupes armés qui sévissent à l’est de la RDC, accompagnée d’initiatives diplomatiques multilatérales régionales, des initiatives politiques internes dans les Etats géniteurs des crises en RDC, il sera impossible de sortir de cette crise de manière pérenne ", explique l'analyste Jean-Jacques Wondo. 

Selon lui, le " volontarisme diplomatique " de Félix Tshisekedi face à la crise sécuritaire à l'Est de la RDC a montré ses limites.

" Il ne suffit pas nécessairement d'être expert dans les questions de sécurité pour constater les limites du volontarisme diplomatique du président Tshisekedi par rapport à la crise sécuritaire de l’Est de la RDC. Cette crise ne cesse de prendre des tournures très inquiétantes sur le terrain depuis le lancement des opérations militaires dans le cadre des mesures de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu. Ce qui s’y passe sur le plan des opérations est qualifié par les responsables militaires eux-mêmes de désordre et de cacophonie dans la planification et l’organisation de la riposte militaire ", a-t-il souligné. 

Et de poursuivre : 

" L’invasion de la RDC par le M23, soutenu par le Rwanda, met en lumière les dysfonctionnements que nous avons toujours diagnostiqués au sein de la RDC. C’est toute la problématique de la gouvernance sécuritaire dans ses volets politique et réformes du secteur de la sécurité qu’il faut gérer en toute urgence.Il faut aussi restructurer les troupes qui sont déployées dans les zones de combat et créer une certaine cohérence dans la chaîne de commandement ". 

Les rebelles du M23 sont toujours présents sur le sol congolais. Il y a de cela près d'un mois que la cité de Bunagana est sous leur contrôle. Plusieurs appels se multiplient pour augmenter les allocations budgétaires de l'armée afin de la rendre plus efficace sur le terrain d'opération face à la menace des rebelles. Le sommet de Luanda a notamment décidé du cessez-le-feu mais ce mouvement se dit non concerné et maintient son activisme dans l'Est de la RDC.

Ivan Kasongo