RDC-Tolérance zéro immédiate : « avec plus d’implication du gouvernement et des intervenants, la campagne peut produire des réels impacts », Sandrine Lusamba 

Photo/Droits tiers
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Une année après le lancement de la campagne Tolérance zéro immédiate, des ONGs évaluent leurs actions ainsi que celles du gouvernement . Ce jeudi, le Desk Femme s’est entretenu avec Sandrine Lusamba Taly, coordonnatrice nationale de la Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (Sofepadi). 

Que représente pour vous cette campagne ? 

Sandrine Lusamba : le lancement de la campagne Tolérance zéro immédiate est un acte qui nous a encouragé en tant qu’intervenants dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). La RDC était presqu'un pays retardataire dans la mise en œuvre de la déclaration de Kampala au niveau de la CIRGL ou à l’Union Africaine. Cela a démontré une volonté politique du gouvernement congolais à combattre ce fléau. 

Quel bilan faites-vous de cette première année ? 

Sandrine Lusamba :  cette campagne devait se traduire par différentes résolutions ou groupes d’actions du gouvernement. Une année après, pas grand-chose n’a été fait au niveau gouvernemental bien que la volonté y soit. Il y a eu des activités organisées par le ministère du genre. Mais, on n’a pas su y voir plus d’impacts notamment avec la situation que traverse la partie Est du pays. Les conflits armés se sont intensifiés et les violations des droits humains, particulièrement les VBG continuent d’augmenter. 

Au moins 10 objectifs étaient assignés à cette campagne. Comment y avez-vous participé ? 

Sandrine Lusamba :  En tant qu’organisation non-gouvernementale, nous venons toujours en appui au gouvernement. Nous appuyons et complétons ses interventions. Pour des objectifs tels que sensibiliser l’opinion publique et réduire la stigmatisation des survivantes, combattre et mettre fin à l’impunité des auteurs des violences sexuelles et autres violations des droits des femmes par l’organisation des procès équitables et Consolider le processus de mise en place du fonds de réparation SOFEPADI y travaille depuis plus de 20 années maintenant.  Nous menons des activités de prise en charge holistique des victimes des violences sexuelles et basées sur le genre, nous menons des plaidoyers pour l’accès à la justice, nous assistons les victimes pour qu’elles accèdent gratuitement à la justice qui est encore un luxe en RDC. Aussi, avec la situation de l'État de siège, le changement des juridictions civiles aux juridictions militaires a ralenti l’accompagnement juridique qui devient en même temps décourageant pour les victimes. Nous mettons en place des audiences foraines qui rapprochent les tribunaux vers nos villages. Cela contribue à la sensibilisation de la communauté sur l’existence des lois et leur mise en œuvre. La population y participe. Nous avons réuni en novembre 2021, des survivant.es de plusieurs pays africains pour parler des réparations. Dans la promotion du genre et la promotion de l’égalité des sexes, nous menons des activités d’autonomisation de la femme à travers le partage d’information, notamment sur les droits de la femme, sur le leadership et la lutte contre les discriminations liées au genre. Nous travaillons aussi dans le renforcement des capacités des magistrats et avocats pour qu’ils sachent comment accompagner un dossier de VSBG. Nous faisons également la proposition des lois pour la justice et la facilité d’accès pour les femmes aux services de réparation et de protection. En ce moment par exemple, nous travaillons sur la proposition d’une loi portant essentiellement sur les violences domestiques parce que la situation prend de l’ampleur et qu’il n’y a pas de lois à ce sujet dans le pays 

La campagne continue jusqu’en juin 2023. Quelles seront vos attentes ? 

Sandrine Lusamba :  nous espérons qu’avec plus d’implication du gouvernement, des partenaires et des différents intervenants, des grandes actions ciblées dans la campagne pourront produire des réels impacts au niveau des populations congolaises.  

Pour rappel, Félix Tshisekedi avait lancé officiellement cette campagne le 19 juin 2021 au cours d’une cérémonie qui a eu lieu au palais de la justice à Kinshasa. Le premier ministre, la miniature du genre, et plusieurs personnalités au niveau provincial et régional avaient pris part à cet évènement.

Prisca Lokale