Élection américaine : quid de l’influence religieuse lors des prochaines « midterm »?

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A cinq mois des élections américaines de mi-mandat, plusieurs questions se posent notamment sur ce qui pourrait être l’influence de la religion sur le choix des citoyens.

Il existe une corrélation historique entre les croyances et la politique dans la société américaine. En 2016, par exemple, si Donald Trump avait pu être élu, c’était notamment grâce au soutien des évangéliques, une communauté religieuse qui représente un quart de la population américaine.

« D’ailleurs ces évangéliques sont vraiment le cœur et l'âme du parti républicain aujourd'hui », commente le docteur David Campbell, chercheur et professeur à The University of Notre Dame de l’Indiana. De la même manière que des décennies plutôt, les électeurs catholiques avaient tendance à plébisciter les candidats démocrates. Ils avaient voté à 80% pour John Fitzgerald Kennedy, le tout premier président catholique des États-Unis. « Et à l’époque cela pouvait être le cas pour n’importe quel candidat démocrate peu importe sa confession religieuse », dit le docteur David Campbell.

Mais au fil du temps, les choses se chamboulent. Les divergences d’opinion dans certaines confessions en ce qui concerne l’avortement et d’autres sujets piquants défavorisent le vote « religieux » de manière groupée tel que connu.

« Aujourd’hui il n’existe plus de vote catholique unique. Il y en a maintenant plusieurs. Par exemple les catholiques hispaniques pensent différemment des catholiques blancs. Ce qui fait que leurs choix diffèrent lors des élections. Et nous allons certainement vivre ça lors des élections de mi-mandat à venir », explique le docteur David Campbell. Le même phénomène avait déjà été constaté chez évangéliques lors de la présidentielle de 2020. Donald Trump avait vu sa côte de popularité s’effriter dans sa communauté religieuse contrairement en 2016. Certains experts expliquent cela par des controverses dont l’ex président américain était l’objet à cause de ses insultes, ses mensonges et autres comportements contraires aux principes bibliques. Sa probité était remise en cause par une partie d’évangéliques qui autre fois pensait que le 45ème président des États-Unis était le candidat idéal envoyé par Dieu pour rendre à l’Amérique sa grandeur.

Vers une « démocratie » de plus en plus laïque

Face à la tendance de « vote religieux groupé » qui se dissipe progressivement, la laïcité gagne du terrain. « Si vous regardez au cours de la dernière décennie ou des deux dernières années, nous avons vu un changement radical alors que les États-Unis se sont rapidement sécularisés. C'est encore, en moyenne, dans l'ensemble, un pays assez religieux par rapport à nos amis d'Europe occidentale en particulier, mais cela change », explique le docteur David Campbell.

Cette laïcité qui fait ses pas dans la politique américaine ne devrait surtout pas être confondue avec l’athéisme. Ce dernier demeure une « pilule amer » pour l’électorat américain. Il est tout simplement incompatible avec la démocratie de ce pays dont les fondements sont basés sur la religion.

« Quand tu es candidat aux États-Unis, il est politiquement radioactif de se décrire comme athée. C’est vrai que la population américaine devient de plus en plus laïque mais quand un candidat déclare ouvertement qu’il ne croit pas en Dieu, c'est à ce moment-là que les électeurs hésitent, qu'il soit démocrate ou républicain », dit-il.

Will Cleas Nlemvo