L’accès aux soins de santé reste un défi majeur pour les enfants vivant dans les orphelinats de Kinshasa. Faute de moyens, ces enfants sont exposés aux maladies et manquent d'un suivi médical adéquat, notamment en cas de complications. L’organisation des soins médicaux dans ces structures demeure préoccupante.
Descente à l’orphelinat HOE, situé dans la commune de Mont-Ngafula, au quartier Masanga-Mbila, avenue Tshakwiva n°26. Cet orphelinat accueille 30 enfants âgés de 5 à 22 ans, dont 19 sont scolarisés et 11 plus âgés, qui se débrouillent pour survivre. Ici, l’accès aux soins de santé est un véritable calvaire. La responsable, Marie-Noëlle, se bat avant tout pour assurer l’essentiel qui est de nourrir les enfants.
« La seule ressource sur laquelle nous comptons est notre petite boutique. Ici, nous fonctionnons avec le Seigneur. Chaque matin, nous prions avec les enfants et demandons à Dieu de toucher le cœur de ceux qui connaissent la valeur des orphelins », confie-t-elle à ACTUALITE.CD
En cas de maladie, les enfants bénéficient parfois d’une aide limitée provenant d’une église voisine où ils se rendent pour prier. Cette contribution, bien que précieuse, ne suffit pas toujours à couvrir les frais médicaux.
« Parfois, nous dépensons nous-mêmes ce que nous avons. Mais si cela ne suffit pas, quelques personnes bienveillantes de l’église nous aident à travers des cotisations », explique Marie-Noëlle.
L'orphelinat souffre également d'un problème d'espace. Faute de moyens, la responsable est contrainte de limiter le nombre d’enfants accueillis.
« Nous refusons d’accepter de nouveaux enfants, car nous ne pouvons pas aller au-delà de nos capacités. Ce n'est pas un établissement de l’État. Nous n'avons pas les ressources nécessaires pour nous occuper de tout le monde », précise-t-elle.
La situation sanitaire est d'autant plus critique que les enfants contractent régulièrement des maladies comme le paludisme et la typhoïde, compromettant ainsi leur bien-être et la pérennité des maigres activités génératrices de revenus de l’orphelinat.
D’autre part, à l’orphelinat Bomoko, situé dans la commune de Selembao, quartier Herady, sur l’avenue Batetela 5B, l’accès aux soins médicaux est aussi chaotique que le premier orphelinat visité. Ici, les factures sont énormes, la prise en charge n’est pas permanente. Maman Colette, responsable de cet établissement, exprime son besoin face à cette problématique.
« Parfois nous recevons des dons venant des visiteurs, mais ces dons sont plus matériels qu’en espèces. Donc c’est parfois difficile de trouver l’argent pour payer les médicaments. Nous sommes parfois obligés de vendre quelques provisions pour trouver de quoi couvrir les soins médicaux », a-t-elle affirmé.
Dans cet établissement de 27 enfants dont l'âge varie d’un an à 17 ans, 10 seulement sont scolarisés. Parmi ces enfants, un souffre d’asthme.
« Nous avons dernièrement vécu la crise de l’un des enfants qui n’arrivait plus à respirer, il est tout le temps obligé d’avoir son inhalateur avec lui et c’est une dépense de plus pour nous car nous pouvons à peine manger convenablement », raconte Madame Colette.
Ces enfants sont généralement dérangés par des problèmes qui semblent minimes mais qui sont inquiétants et nécessitent des interventions.
« Les plus âgés, particulièrement les adolescentes, ont des problèmes d’irritation dû à la mauvaise qualité des serviettes hygiéniques qui causent parfois des infections. Ce n'est pas pratique de payer chaque mois plus de 5 serviettes de qualité sachant que ça coûte environ 4 500 Fc ou plus. C’est vraiment compliqué pour nous de nous en sortir avec toutes ces dépenses. Généralement les gens nous apportent des habits déjà usés ou de la nourriture mais ils ne pensent pas à apporter des serviettes hygiéniques car nous en avons besoin pour nos filles ici », a souligné la responsable de l'orphelinat Bomoko.
En cas de maladies contagieuses, la responsable est obligée de séparer les enfants en isolant ceux qui sont atteints.
« Notre tout petit avait souffert de la varicelle et nous l’avons mis en quarantaine pour ne pas contaminer les autres. Cela m’avait fait mal mais je n’avais pas le choix. C’est triste de voir un enfant seul dans son coin pendant que les autres jouent ensemble », s’exprime-t-elle.
Ces enfants ont besoin d’un suivi particulier et d’un contrôle fréquent afin de s’assurer de tous les maintenir en bonne santé. Généralement les orphelinats n’ont pas la possibilité d’effectuer des examens de santé pour tous ces enfants.
Marie Christelle Mavinga, stagiaire UCC