RDC : pour le Général Benoît Chavanat de la MONUSCO, la solution à l'insécurité dans l'Est n'est pas seulement militaire mais aussi globale"

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En marge de la célébration de la journée internationale des casques bleus, la Monusco a répondu aux préoccupations du public à travers l'émission Okapi Service sur ses missions et son appui aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo.

À la question de savoir pourquoi près de 20 ans après la présence de la MONUSCO en RDC, les massacres continuent toujours, le Général Benoît Chavanat, commandant adjoint des forces de la MONUSCO a reconnu que tout n'est pas fait mais il présente la complexité de la situation sécuritaire dans la partie Est de la République démocratique du Congo.

"J'entends que la Monusco est là depuis 20 ans mais rien n'avance, j'entends que les populations sont toujours massacrées, on l'observe aussi mais la question c'est est-ce la faute de la Monusco ? Je me réveille le matin pas satisfait, je suis malheureux comme vous tous, je suis triste comme vous tous sur la situation maintenant vous prenez une plaie béante et vous prenez un sparadra vous mettez n'est ce pas sur la plaie béante il ne se passe rien, ça fait longtemps depuis que le monde existe que l'on sait que la résolution d'un conflit c'est-à-dire la paix c'est à quoi aspirent les populations, c'est à quoi tout le monde aspire,moi je suis allé me promener, j'ai été partout dans l'Est, je vois très bien de quoi il s'agit, je n'ai pas besoin d'être devin pour le savoir où faire une quantité des bouquins pour comprendre, on le sait bien, on le voit dans les regards des gens donc cette souffrance on la ressent", a-t-il fait savoir devant le public réuni aux installations de la MONUSCO à Kinshasa jeudi 26 mai 2022.

Et d'ajouter :

"Quand vous avez un massacre dans un village, on dit qu'on n'y était pas mais on ne peut pas être partout, on ne peut pas être partout et quand vous avez un nombre de groupes armés identifiés qui dépassent 80 ou 100, sont plus ou moins affiliés les uns aux autres qui se regroupent dans les alliances de circonstances et qui vont massacrer à la machette quel est le problème ? Le problème ce n'est pas d'envoyer, on pourra multiplier par 10, 20, par 100 les effectifs de la MONUSCO, je vous le garantie on ne réglera pas le problème, il y aura toujours autant de massacres dans les populations".

Pour cet Officier militaire de la MONUSCO, la solution à la situation de l'Est n'est pas seulement militaire mais la solution doit être vue dans sa globalité.

"La solution je vous le dis elle n'est pas militaire, la solution à la crise n'est pas militaire mais elle est globale. Elle est dans le travail sur les causes profondes du conflit, dans l'exploitation des ressources, elle est dans la volonté politique nationale, elle est dans la volonté régionale et ensuite, je reviens sur le mandat qui est un mandat de moi officier français, de lui officier malien où d'officiers de tels ou tels pays, nous on a été désigné pour travailler sous casques bleus, ce n'est pas ni un plaisir ni une contrainte c'est simplement le devoir pour essayer de remplir une mission qui est celle de l'humanité toute entière, l'humanité toute entière, elle est là pour observer les souffrances des populations comme vous dîtes", a-t-il fait savoir.

Et de poursuivre :

"On observe mais on observe pas les populations se faire massacrer, on observe pour essayer d'apporter une solution dans un processus global hors on sait que si la Monusco n'était pas là aujourd'hui, si la Monusco n'était pas là aujourd'hui il est très probable que ça serait pire, bien pire et on sait que quand on arrive, je sais parce que j'ai accompagné moi même les patrouilles qui arrivent quelques heures après un massacre dans un village, je sais pour avoir essuyer des tirs venant des soldats, des bandits en dispersion que si nous n'étions pas arriver ça aurait été pire donc il faut appeler un chat, il faut observer les choses, je suis tout à fait d'accord avec votre observation donc la situation n'est pas que militaire, elle est globale".

Célébrée le 29 mai de chaque année, la Journée internationale des Casques bleus de l’ONU représente une occasion de rendre hommage au personnel civil, policier et militaire pour sa contribution inestimable aux efforts de l’ONU.

Elle permet également d’honorer la mémoire de presque 4 200 Casques bleus qui ont perdu la vie en servant sous le drapeau des Nations Unies depuis 1948, dont 135 hommes et femmes l’année dernière.

Cette année, la Journée porte sur le thème « Population. Paix. Progrès. L’importance des partenariats »

Les Casques bleus ont contribué à sauver d’innombrables vies et à apporter la paix et la stabilité dans de nombreux pays au fil des décennies. Néanmoins, ils ne peuvent pas, à eux seuls, réussir entièrement à créer les conditions nécessaires pour mettre un terme aux conflits et garantir des solutions politiques durables. Les partenariats que les Casques bleus nouent avec les États membres, la société civile, les organisations non gouvernementales, les agences des Nations Unies et d’autres parties sont fondamentales pour apporter des améliorations tangibles à la vie des citoyens ordinaires, dans des domaines tels que la croissance économique, l’état de droit, les droits des femmes, les droits humains, la santé et l’éducation.

Clément MUAMBA