Le collectif François Beya écrit à Tshisekedi : “la manière dont il a été écarté jette un discrédit sur votre régime”

Félix Tshisekedi, président de la RDC
Félix Tshisekedi, président de la RDC

Le collectif François Beya Kasonga a adressé mardi 22 mars, une lettre ouverte au président Félix Tshisekedi dans laquelle il sollicite l’implication « personnelle » de ce dernier pour la « libération immédiate et sans condition » de François Beya et ses collaborateurs détenus par l’agence nationale de renseignement (ANR).

Cette structure a vu le jour après l’arrestation de l’ancien conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité trouve qu’il n’y a plus de raison de détenir M. Beya puisque près de 50 jours après, la thèse de la “guerre de palais” est confirmée.

“Cette absence de charges conforte le constat du collectif selon lequel François Beya Kasonga est une victime de la guerre de clans qui sévit au sein de la Présidence, suite à sa gestion du conflit minier impliquant votre conseiller privé, Fortunat Biselele (Ndlr : Conseiller privé du Chef de l’Etat) et l'ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, pour ne citer que ceux-là. Le collectif est d'avis que certaines personnes impliquées dans ce litige minier auraient monté un faux dossier contre François Beya Kasonga, avec le concours de l'Administrateur Général de l'ANR, dans l'espoir de se soustraire aux poursuites judiciaires qui découleraient de ce litige et de vous induire en erreur en autorisant son arrestation”, écrit le collectif.

Ce dernier estime que la manière dont le dossier est géré jette un « discrédit » sur le régime de Félix Tshisekedi.

“Monsieur le Président, vous connaissez l'intégrité et l'éthique de travail de François Beya Kasonga. Il vous a servi avec honneur dès votre accession au pouvoir. Il a mis son expérience et son expertise à votre service pour vous accompagner au mieux dans l'exercice de votre mandat. La manière avec laquelle il a été écarté jette un discrédit sur votre régime et démontre à suffisance la mauvaise foi et l'intention de nuire de ceux qui ont fomenté ce complot contre lui, détruisant ainsi sa carrière et sa réputation longuement bâties, et ce, au mépris de l'impact qu'une telle conspiration pourrait avoir tant sur votre mandat que sur l'image du pays. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer les violations de la Constitution et des lois de la République au regard de cette détention irrégulière et arbitraire qui ne s'appuie sur aucun fondement légal”, poursuit la lettre signée par l’activiste de droit de l’homme Victor Tesongo.

Ce dernier dit qu’il est désormais objet de menaces, intimidations, surveillances et filatures.

“Faute de preuves contre François Beya Kasonga, l'ANR s'en prend également à plusieurs de ses proches collaborateurs. Son secrétaire particulier, Guy Vanda, son protocole, David Cikapa ainsi que son garde du corps, Jean-Pierre Kalenga ont été arrêtés et sont actuellement détenus à ANR, sans avoir été informés des faits qui leur sont reprochés. Un autre de ses protocoles, Claude Kidisho, a par ailleurs été enlevé et gardé au secret, sans que sa famille ne sache où le trouver. Quant à sa conseillère en communication, Sonia Lukusa, elle est contrainte à la clandestinité avec ses enfants, craignant un enlèvement, de suite de plusieurs descentes d'agents de l'ANR déguisés sous plusieurs casquettes et sans aucun mandat, à sa résidence, à l'école de ses enfants et à d'autres lieux qu'elle fréquente. Au vu de l'acharnement de l'ANR sur les proches collaborateurs de François Beya Kasonga”, écrit le collectif qui redoute “le retour des mauvaises pratiques de l'ANR sous le régime Kabila”.

Alors conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité, François Beya avait été arrêté le 5 février à sa domicile en présence de Jean-Hervé Mbelu, administrateur général de l'ANR et quelques uns de ses agents, des éléments de la détection militaire des activités anti patrie (DEMIAP) ainsi que le Commandant de la 14ème région militaire le Général Ilondo. Le porte-parole du Chef de l’Etat Tharcisse Kasongo affirmait que "les enquêteurs avaient des indices sérieux attestant d'agissements contre la sécurité nationale".

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Fonseca MANSIANGA