La rébellion de l’AFC/M23 conteste fermement les récentes allégations du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme faisant état du massacre de plus de 300 civils en juillet dernier dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. Ce rapport du BCNDH a été confirmé par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme depuis Genève.
Lors d’une conférence de presse ce jeudi 7 août 2025 à Goma, Bertrand Bisimwa, coordonnateur adjoint de l’AFC a qualifié ce rapport de « non factuel » et dénoncé ce qu’il considère comme une tentative de « diabolisation » du mouvement armé par certains acteurs humanitaires et politiques.
Selon lui, les villages mentionnés comme lieux du massacre seraient situés en pleine zone protégée du parc national des Virunga, donc inhabités. « Il n’y a aucune famille en deuil à Rutshuru. Ce chiffre de 300 morts est invraisemblable. Un massacre d’une telle ampleur ne passerait pas sous silence, surtout à l’heure des téléphones portables », déclare-t-il.
Le président du M23 affirme en outre que les sources citées dans le rapport ne résident pas dans la zone concernée. Il cite notamment une organisation de jeunes originaires de Rutshuru mais actuellement basée à Beni ainsi que Jules Mulumba, porte-parole de la coalition wazalendo, qui se trouve en dehors de la République démocratique du Congo. « Nous savons où il est et nous le mettons au défi de prouver sa présence dans le pays », lance Bisimwa.
Le timing de la publication du rapport
Selon la rébellion, le BCNDH aurait rendu public ses conclusions le 28 juillet alors même qu’il n’avait pas encore reçu de réponse officielle du mouvement concernant les faits allégués. « Ce jour-là, le Bureau s’adressait encore à nous au conditionnel demandant une enquête. Comment le même jour peut-il publier un rapport qui affirme des faits non vérifiés ? », s’interroge Bisimwa.
Il met également en cause ce qu’il qualifie d’impartialité de la MONUSCO, l’accusant d’avoir pris position dans le conflit au détriment de la neutralité attendue d’une mission onusienne.
Enfin, l’AFC/M23 avance une hypothèse selon laquelle certaines organisations humanitaires pourraient avoir un intérêt matériel à dénoncer ses actions sur le terrain. D’après lui, la stabilisation relative des zones sous contrôle des rebelles aurait entraîné une baisse des financements internationaux liés à la gestion des déplacés internes. « Le retour des populations dans leurs villages a coupé les fonds de commerce de certaines ONG », estime-t-il.
Le rapport du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme rendu public fin juillet 2025, fait état de la mort de près 319 personnes dans une zone sous contrôle des rebelles de l’AFC/M23. Plus précisément dans le groupement Binza, chefferie de Bwisha (Rutshuru) où les rebelles mènent des opérations contre les combattants hutus rwandais FDLR. La plupart des victimes seraient des agriculteurs, selon l’ONU.
Un rapport du conseil provincial de la jeunesse du Nord-Kivu rapporte les mêmes chiffres et appelle la communauté internationale à mettre fin à la souffrance des populations des zones sous contrôle de l’AFC/M23 appuyé par le Rwanda