Kinshasa : à Selembao, Emily Maltman a discuté avec des prestataires cliniques sur les besoins en planification familiale

Photo/ Actualité.cd
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Une délégation de l’ambassade britannique en RDC, conduite par Emily Maltman s’est rendue dans deux formations sanitaires dans la commune de Sélémbao à Kinshasa, ce 18 mars. L’objectif de cette visite était de faire une évaluation des besoins des femmes en termes de santé et s’assurer du niveau de mise en œuvre du programme WISH (Women's Integrated Sexual Health) pour un accès équitable à la planification familiale des femmes et des filles les moins bien desservies.

Il est presque midi au centre de santé et maternité Kinzembo, situé sur l’avenue Maman Mobutu. A l’entrée, un mégaphone envoie un message préenregistré aux passants, sur la gratuité des services de contraception. Dans la salle de réception, une dizaine de femmes et jeunes filles enceintes vont l’une après l’autre se faire consulter. Dans la même enceinte, une autre vingtaine, assises près des installations de Marie Stoppes Internationale (MSI), sont venues pour obtenir des informations sur les méthodes contraceptives. Parmi elles, Landu, ménagère, 19 ans et mère de deux enfants dont le premier a 4 ans. 

« Je suis venue avoir une injection. Mon partenaire passait devant l’hôpital mardi, il a entendu tout ce que dit le mégaphone. Il m’a recommandé de passer obtenir ce service également. Mon premier enfant a 4 ans. Le deuxième en a deux. Et je voudrais prendre un congé de maternité pour trois ans », a-t-elle expliqué, avec son petit garçon sur le dos.

Après une visite du lieu où se trouvaient les personnels affectés à la réception des clientes (bénéficiaires des services de contraception, ndlr), l’équipe de l’Ambassade s’est rendue dans la salle des soins. Là, Henriette Kilundu, sage-femme, explique les besoins des femmes, ainsi que tout le processus des soins. Sur place, Landu accepte que  la délégation assiste à son injection. L’opération a duré environ 40 minutes. « Tout s’est bien passé. J’ai reçu des explications et fait mon choix », a-t-elle rassuré.  

L’injectable est une piqûre de progestérone. Une méthode de planification familiale avec une durée d’action de trois mois. Toutes les douze semaines, la cliente devra retourner auprès du prestataire pour une nouvelle injection. Il existe deux types d’injectables, l’intra-musculaire et la sous-cutanée. Ces informations, couchées sur un dépliant du MSI, sont remises aux clients. Le centre de santé reçoit en moyenne 35 femmes et jeunes filles par jour, sollicitant des méthodes contraceptives. Il organise également des séances de sensibilisation avec des artistes comédiens, des campagnes de porte à porte, des causeries éducatives impliquant les jeunes, les parents et les leaders communautaires.   

La délégation s’est ensuite rendue au centre d’excellence de SANA, intégré dans l’hôpital général de référence de Makala, soutenu également par le projet WISH via IPAS. Ce centre offre des services aux femmes, et particulièrement aux victimes de violences sexuelles. L’équipe a été accueillie par le directeur pays, Jean-Claude Mulunda et quelques personnes. Elle a également reçu des explications sur les besoins des femmes en matière de santé et en planification familiale.   

« Nous sommes très fiers de ce soutien aux femmes et aux jeunes filles de la communauté. Les cliniques sont accessibles à toutes les femmes. Ce qui est important, c'est aussi le plaidoyer que nous menons auprès du gouvernement congolais pour que l'on puisse parvenir à soutenir la planification familiale à travers toutes les zones de santé en RDC. Nous allons aussi encourager le gouvernement à insérer ce besoin dans le budget national. Le programme devait se terminer cette année, mais nous l’avons allongé jusqu’en 2023 », a dit Emily Maltman, au sortir du centre de santé Maman Kinzembo. 

Pascale Barnich, représentante pays de Marie Stoppes Internationale a déclaré, « l’accès aux choix reproductifs pour les femmes est très important. La RDC est particulièrement importante quand on connaît la population et les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes et les filles. Mais aussi, la planification familiale est un investissement majeur pour permettre de lutter contre la mortalité maternelle et contre la malnutrition ainsi que pour faciliter l’éducation des femmes et leur permettre d’une certaine façon de réaliser leurs rêves ». 

Pour rappel, WISH est un programme phare du Foreign Commonwealth and Development Office (FCDO) britannique en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs (SRHR), exécuté dans 27 pays d'Afrique et d'Asie. En RDC, en dehors de Kinshasa, il touche également les provinces du Kwilu et la Tshopo. Il est mis en œuvre par un consortium qui comprend MSI RDC, ABEF ND, DKT, Ipas et Options Consultancy avec le soutien technique de ThinkPlace et Leonard Cheshire.

En décembre 2021, plus de 700 000 femmes et filles congolaises utilisaient une méthode de contraception fournie par les partenaires de WISH dont 21% d'adolescentes de moins de 20 ans, 1 personne sur 5 vivant dans une pauvreté sévère et multidimensionnelle et 7% étant des personnes gravement handicapées. On estime que les services fournis ont permis d'éviter plus de 3 500 décès maternels, 290 000 avortements à risque et 915 000 grossesses non désirées.

Prisca Lokale