Cinq ans se sont déjà écoulés depuis l'assassinat au Kasaï, de deux experts de l'ONU Zaida Catalan et Michael Sharp le 12 mars 2017 près de la mission catholique de Bunkonde (Dibaya/Kasaï Central).
A l’occasion de cet anniversaire, l'Ongdh, Société Congolaise pour l'Etat de Droit (SCED) active dans la région du Kasaï publie un communiqué qui soulève un certain nombre des zones d'ombre, malgré la fin du procès intervenu le 29 janvier 2022 avec la condamnation des 49 personnes à des peines capitales.
L'Ongdh que dirige l'ancien bâtonnier du Kasaï Central, Dominique Kambala note qu'après 5 ans de procès, "la vérité n'a pas éclaté au grand jour concernant les vrais commanditaires" de ce double meurtre.
Pour la SCED, l'arrêt de 433 pages rendu par la cour militaire de l'ex Kasaï Occidental "semble n'avoir pas donné l'éclairage suffisant sur plusieurs zones d'ombre".
Au nombre de ce que la SCED appelle zones d'ombre, elle cite "la participation de deux experts à une réunion du conseil provincial de sécurité vers la fin du mois de janvier, le mensonge utilisé par un des prévenus au sujet de l'itinéraire à parcourir, les causes de l'embuscade tendu aux experts, le refus de la cour de faire comparaître certaines personnalités politiques de haut rang citées par la défense pourtant entendues par l'auditorat général, l'exploitation d'un rapport confidentiel qui aurait été établi par la Monusco au sujet de ce meurtre et la comparution des éléments de l'Unpol de la Monusco qui étaient présents dans la zone pour éclairer la cour".
Outre ces éléments qui n'ont pas été pris en compte par la cour militaire selon la SCED, l'organisation ajoute le fait que le mécanisme d'investigation mis en place par le conseil de sécurité continue de mener des investigations et que les téléphones de certaines personnalités confisqués dans le cadre des enquêtes sont toujours soumis au check in.
Tout en exprimant l'espoir qu'au degré d'appel, la lumière pourrait éclater, la SCED rappelle que l'instruction du dossier des accompagnateurs congolais n'est toujours pas clôturée malgré les jugements déclaratifs de décès rendus par le tribunal de paix de Kananga.
Pour mémoire, le 12 mars 2017, deux experts de l'ONU missionnés par le conseil de sécurité de l'ONU pour enquêter sur les violations des droits de l'homme au Kasaï en plein conflit armé dit Kamuina Nsapu, ont été tués dans la localité de Moyo Musuila sur la route de la mission catholique de Bunkonde. Plusieurs personnes ont été jugées et condamnées pour leur participation à ce meurtre. Un colonel de l'armée congolaise Jean de Dieu Mambweni a écopé de dix ans de servitude pénale non pour sa participation au meurtre mais pour non assistance à personne en danger et violation des consignes. Un magistrat militaire a été mis en cause comme ayant manipulé les prévenus, ce qui a brouillé l'enquête.
Sosthène Kambidi, à Kananga