Accord avec Dan Gertler: en échange des actifs miniers et pétroliers, le gouvernement va rembourser sans intérêts les coûts d'investissements

L'homme d'affaires israélien, Dan Gertler. Ph. Droits tiers.

La RDC et le groupe Ventura avec de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler ont signé un accord qui  permettra d’un côté, de mettre fin aux contentieux judiciaires qui opposaient les deux parties, et de l’autre, à la RDC de récupérer les actifs miniers et pétroliers litigieux du groupe Ventura au pays.

Plusieurs questions ont été posées au gouvernement lors d’un point de presse conjoint jeudi dernier. Dan Gertler a cédé les actifs miniers et pétroliers contre quoi en retour ? Quid de la Mine d'or de Moku Beverendi où il détenait 60% contre 40% à l'État congolais? Les USA vont-ils cautionner cet accord signé à l'amiable avec l'homme d'affaires Israélien? Ce sont notamment des questions posées par les journalistes au porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya, à la ministre de la Justice et Garde des Sceaux Rose Mutombo, représentante de la RDC aux négociations et à André Wameso, Dircaba du Chef de l'État chargé des questions économiques et financières. 

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Pour André Wameso, il n’y a rien en retour après que Dan Gertler a cédé les actifs miniers et pétroliers. M. Gertler n'aura droit qu'à la restitution des coûts d'investissement sans intérêt.

"La Mine de Manganèse n'est plus une propriété du groupe Gertler, il y a eu une transaction qui a été faite, vous parlez de Metalkol, il y a une transaction qui a été faite avec ERG, donc la mine ne lui appartient plus, on a vraiment répertorié tous les actifs et nous récupérons tout, à l'heure actuelle l'État congolais redevient propriétaire à 100% des Mines d'or de Moku Beverendi. Vous allez me poser la question contre quoi ? Je voudrais vous dire contre rien mais ça ne serait pas la vérité, la vérité est celle-ci: pour détenir un actif et pouvoir le valoriser on fait des investissements qui sont des coûts classiques. On est d'accord vous et moi l'achat de ces actifs miniers, Dan Gertler les a eu à une somme modique, ce n'est pas vraiment ça qui compte, ce qui nous a importé c'était la valorisation de ces actifs (...) nous aurions reçu ces actifs sans avoir les études qui permettaient de les valoriser, vous comprendrez qu'on aurait pû pécher par le passé où on a pu brader facilement nos actifs miniers et nos actifs pétroliers parce qu'on ne connaissait pas la valeur", a expliqué André Wameso, également vice-président de la commission qui a travaillé sur ce dossier.

Et de poursuivre :

"Pour nous, ces études avaient une réelle valeur. On a accepté de rembourser les coûts d'investissement sans intérêt. Exemple : au moment où on était en train de négocier le Bloc 1 et 2, la valeur était de 1 milliard USD, si on avait dit que on ne vous paie rien, on ne vous rembourse pas vos coûts d'investissement et que nous récupérons les blocs pétroliers et que nous les vendions tout de suite sans avoir les études et que quelqu'un vienne nous proposer 1 milliard USD, nous serions contents de pouvoir finalement empocher le milliard, ne rien donner à Dan Gertler et venir nous vanter devant la presse. Mais grâce aux études figurez-vous que les mêmes blocs aujourd'hui reviennent à pas moins de 1.5 milliard et 1.8 milliard USD ça veut dire même si nous payons 200 millions à Dan Gertler ce que nous gagnons en tant que République sera la véritable valeur de la mine moins les coûts d'investissement de Monsieur Dan Gertler qui sera supérieur au milliard qui était estimé au moment même des discussions".

Et en ce qui concerne la position des USA dans ces négociations ? "C'était grâce à leurs sanctions que nous sommes arrivés à négocier en position de force, ce que nous allons faire maintenant, nous avons trouvé un accord que nous considérons comme étant avantageux pour notre population, nous allons aller expliquer aux Américains, leur présenter le contenu complet de l'accord puisque nous n’avons rien à cacher, ce sont nos partenaires privilégiés, nous allons leur présenter l'accord et leur montrer le bien-fondé de la résolution de cet accord à notre niveau pour qu'on ait une explication d'État à État", a-t-il expliqué.

M. Gertler est placé sous sanctions des États-Unis. Ses sociétés font l’objet de suspicions de détournements d’argent et de corruption en RDC. Il est reproché d'avoir signé des « contrats miniers et pétroliers opaques et entachés de corruption » en RDC.  La société civile congolaise, à travers la campagne Congo n'est pas à vendre (CNPAV) l'accuse d'avoir fait perdre à la RDC a peu près « 1,36 milliard de dollars de recettes » fiscales dans les années 2010, grâce à sa proximité avec l'ancien Président Joseph Kabila.

Clément Muamba