Le gouvernement de la RDC l’a annoncé avec encore plus d’empressement. Ce vendredi 27 juin à Washington, les ministres congolais et rwandais des affaires étrangères signeront un accord de paix, qui prévoit la cessation des hostilités entre les deux pays.
Dans l’intervalle, la RDC et les États-Unis vont poursuivre des discussions pour finaliser un accord de partenariat gagnant-gagnant couvrant plusieurs domaines, notamment le développement économique.
Les officiels de deux parties n’ont jamais nié les discussions pour aboutir à cet accord, qui a été interprété de diverses manières par la classe politique et la société civile congolaises.
Le tout passe par la paix. C’est ce qu’a déclaré par exemple Thomas Pigott, porte-parole adjoint principal du Département d’État américain, qui réagissant peu avant la signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda.
« C’est la mise en œuvre effective de cet accord qui permettra les investissements économiques et le développement que nous souhaitons tous voir se réaliser », a-t-il fait savoir.
Dans son intervention le 24 juin dernier à Luanda, à l’occasion du 17e Sommet commercial États-Unis-Afrique, Massad Boulos, conseiller spécial de Donald Trump pour l’Afrique, a indiqué que la RDC, le Rwanda et la région bénéficieront d'une intégration régionale renforcée et d'une croissance dans des secteurs comme les mines et les infrastructures.
« Avec une paix durable, les États-Unis sont prêts à soutenir l'expansion des investissements, et les entreprises américaines apporteront leur engagement en faveur de pratiques commerciales responsables et de chaînes d'approvisionnement minières et infrastructurelles fiables et transparentes », avait-il expliqué.
Le prochain accord, qui inclura probablement aussi l’exploitation des minerais de la RDC, sera-t-il bénéfique pour elle ?
D’abord, il faut préciser que la RDC et les États-Unis collaborent depuis longtemps dans plusieurs secteurs du développement, principalement en faveur de la partie congolaise.
Selon l’ambassade des États-Unis à Kinshasa, la RDC recevait environ 1 milliard de dollars d’aide humanitaire et bilatérale par an. L’assistance humanitaire et de développement américaine en RDC a atteint près de 6 milliards de dollars au cours des 10 dernières années, selon la même source. Washington œuvre dans 25 des 26 provinces du pays pour appuyer notamment la santé, l’éducation, la protection de l’environnement et la croissance.
L’intérêt des États-Unis pour les investissements en Afrique subsaharienne, principalement en RDC, s’est considérablement accru ces derniers jours, comme l’a indiqué le 11 juin dernier Lucy Tamlyn, ambassadrice des États-Unis en RDC, lors de son intervention à l'occasion de la DRC Mining Week 2025.
Le corridor de Lobito, locomotive des investissements américains
C’est dans cette optique que, depuis octobre 2023, les États-Unis ont signé un protocole d’accord pour développer le corridor de Lobito, qui vise la construction d’une nouvelle ligne ferroviaire de 800 km traversant l’Angola, la RDC et la Zambie, dans le but de soutenir les investissements liés notamment aux infrastructures, à l’agriculture, à l’énergie propre, à l’accès au numérique et à la santé.
Fin 2024, Washington a annoncé un financement supplémentaire de plus de 560 millions de dollars pour des projets d’infrastructure le long du corridor, portant le total des investissements américains à plus de 4 milliards de dollars.
En outre, les États-Unis ont financé plusieurs autres projets dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’environnement, de la sécurité et de l’assistance humanitaire. À titre d’exemple, au cours des 25 dernières années, le gouvernement américain, à travers son bureau de la Protection de l’Environnement en Afrique centrale (CARPE), a investi plus de 650 millions de dollars pour préserver le bassin du Congo, d’après l’ambassade des États-Unis à Kinshasa.
Depuis plusieurs jours déjà, les États-Unis sont engagés dans des négociations avec la RDC pour un accord profitant aux deux parties et à toute la région des Grands Lacs. Selon plusieurs observateurs, ce futur accord entre Washington et Kinshasa explique l’engagement des États-Unis à faciliter la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, afin d’instaurer un climat favorable aux investissements.
Mines et tech : les États-Unis parient sur la transparence
Cet accord pourrait permettre aux grandes entreprises de la tech d’investir dans le pays grâce à leur pouvoir d’achat, tout en limitant la corruption des chaînes d'approvisionnement et les abus qui caractérisent l’exploitation minière en RDC aujourd’hui.
En avril dernier, Marco Rubio, secrétaire d'État américain ayant joué un rôle clé dans la conclusion de l’accord entre la RDC et le Rwanda, avait déclaré queles entreprises américaines aideront leurs homologues africaines à améliorer leur gouvernance, à garantir des chaînes d'approvisionnement responsables et fiables pour des ressources critiques, au bénéfice des gouvernements régionaux, de tous les partenaires et alliés. Cela pourrait générer des emplois, principalement pour le peuple congolais.
Bruno Nsaka