Allégations des policiers rwandais sur le sol congolais : Patrick Muyaya note une manipulation et une volonté délibérée de nuire aux efforts sur la lutte contre le terrorisme et les crimes transfrontaliers

Patrick Muyaya, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement
Patrick Muyaya, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement

Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, dit qualifier de manipulation tout ce qui est distillé dans l'opinion au sujet de la présence des policiers rwandais sur le sol congolais. Pour lui, cette mauvaise campagne a juste pour objectif de nuire aux efforts collectifs qu'il faut mettre en place pour lutter contre le terrorisme et les crimes transfrontaliers.

Il a tenu à rassurer que le séjour du commissaire général de la Police nationale congolaise au Rwanda rentre dans le cadre de ses prérogatives en tant que président du comité des chefs de police des pays d'Afrique de l'Est (EAPCCO) en vue de mettre en place un cadre de lutte contre le terrorisme et criminalité transfrontalière et non pour faire venir la police rwandaise sur le sol congolais.

« Comme vous le savez, il existe Interpol qui est la police internationale, qui réunit toutes les polices et dans le cadre des mécanismes régionaux. Il existe en Afrique de l'Est, une organisation qui réunit tous les patrons de police. La réunion s'est tenue ici à Kinshasa du 11 au 15 octobre. Elle a été clôturée d'ailleurs par le Premier ministre où le drapeau de commandement a été remis au commissaire général de notre police dans le cadre de la présidence tournante de cette organisation. Après avoir pris ses fonctions, samedi, il s'est expliqué, il était de son devoir de se rendre dans les pays concernés (…). Il y a 5 pays qui sont frontaliers avec le nôtre, le Rwanda évidemment, l'Ouganda, le Burundi, la Tanzanie et le Sud Soudan. Il est parti dans cette mission d'itinérance à Nairobi, ensuite il est revenu à Kigali dans le cadre du contrôle de la criminalité transfrontalière. Il y avait un besoin de mettre en place le cadre qui permet à ce travail de se faire. Je dois rappeler ici qu’avant la période de COVID-19 la frontière RDC et Rwanda, c'est la frontière la plus fréquentée au monde après la frontière États-Unis et Mexique et donc il est tout à fait normal que les polices de deux pays puissent être en mesure de communiquer de manière régulière. II n'a jamais été question que les éléments de la police du Rwanda ou les policiers rwandais viennent assurer l'ordre public en RDC. Il n'a jamais été question pour la police, notre police, de faire venir des éléments de la police rwandaise pour venir mettre de l'ordre public chez nous. Il n'y a aucun élément de la police rwandaise qui est arrivé ici, tout ce qui s’est passé, procède de la manipulation et de la volonté délibérée de nuire à cet effort collectif que nous devons mettre en place pour lutter contre le terrorisme et les crimes transfrontaliers », a expliqué Patrick Muyaya lundi 20 décembre lors d'un briefing conjoint avec le porte-parole de l'armée et de la police à la RTNC.

Il a sollicité l'implication des médias à ne véhiculer que des bonnes nouvelles et combattre les fakenews qui peuvent causer des conséquences incalculables. Aussi, il a rappelé la volonté du gouvernement d'assurer la sécurité à tous les Congolais tant pour ce qui concerne les tâches de la police que pour ce qui concerne les tâches de l'armée et que tout contrevenant à cet ordre réponde devant la justice.

« Je crois que nous avons tous, vous les médias particulièrement, le devoir de nous accompagner pour lutter contre les fakenews parce que vous pouvez voir ce que ça peut produire, nous avons vu la journée sanglante d'aujourd'hui à Goma et personne ne peut demain matin brandir une seule photo d'un seul policier rwandais qui est dans la ville de Goma. Alors, je crois qu'il est de notre devoir à tous de briser cette chaîne de mauvaise nouvelle et de rassurer nos populations de cette partie du pays parce que justement, traumatisé par le passé que nous connaissons tous qui est douloureux mais le Président de la République a fait le choix de construire la paix de placer la région des grands lacs dans une dynamique de développement et pour faire le développement nous devons avoir la sécurité et ce, sur quoi nous travaillons », a-t-il ajouté.

Une vive tension s'était observée depuis les premières heures du lundi 20 décembre à plusieurs endroits dans la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. À la base, des manifestations de jeunes en colère qui disent protester contre la venue “de la police rwandaise à Goma pour assurer la sécurité".

Des barricades ont été érigées sur plusieurs artères routières bloquant ainsi la circulation. C'est le cas des axes Katoyi-Terminus, Kilijiwe-entrée président, Majengo-Buhene (Commune de Karisimbi) où les éléments de la police et des FARDC usent des tirs de sommation et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. La situation était confuse dans la partie nord de Goma et dans une partie du territoire de Nyiragongo. D'après le bilan de la police, 4 personnes sont mortes, des blessés et plusieurs interpellations.

Clément Muamba