Le parc des Virunga en RDC: des gorilles, mais aussi des rebelles

Une patrouille des Écogarde du Parc National des Virunga
Une patrouille des Écogarde du Parc National des Virunga

Le parc national des Virunga (PNVi), dans l'est de la RDC, où une opération militaire est en cours contre les rebelles ADF, est célèbre pour ses gorilles de montagne et ses paysages grandioses, mais il est aussi devenu un repère de groupes armés.

Inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979 et plus vieille réserve naturelle d'Afrique, il a été créé en 1925 du temps de la colonisation belge sous le nom de "parc Albert".

Avec ses forêts denses, savanes, volcans et montagnes culminant à plus de 5.000 mètres, il abrite une des plus grandes biodiversités du continent. Plus de 200 types de mammifères y sont répertoriés, éléphants de savane et de forêt, hippopotames, okapis, lions, buffles... Ses gorilles de montagne vivent dans la partie sud du parc, l'intervention militaire en cours a lieu dans le nord.

Situé à la frontière avec l'Ouganda et le Rwanda, il couvre 7.800 km2, dans la province du Nord-Kivu, dont Goma est le chef-lieu. Il s'étire sur quelque 300 km de long, alors qu'il n'a une largeur moyenne que de 23 km.

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Avec la province voisine de l'Ituri, au nord, le Nord-Kivu a été placé début mai sous état de siège par les autorités de Kinshasa, afin de tenter de venir à bout, en vain jusqu'à présent, des nombreux groupes armés hérités des guerres qui ont ensanglanté la région dans les années 90 et sèment la terreur depuis.

Près de 700 rangers (écogardes) sont chargés de la protection des Virunga. Quelque 200 ont été tués depuis la création du parc, une vingtaine depuis l'année dernière, dans des accrochages avec divers miliciens.

Début septembre, des ONG déploraient que le braconnage, la pêche illicite et l'exploitation illégale du bois rapportent chaque mois des centaines de milliers de dollars aux groupes armés actifs dans le Nord-Kivu dont la majorité, disaient-elles, "ont installé leurs bases arrières dans et autour du parc".

L'Institut congolais de conservation de la nature (ICCN), organisme public qui gère les dizaines de parcs et réserves de RDC, avait estimé que ces ONG mettaient "le doigt sur un vrai problème: le trafic illégal des ressources naturelles alimente directement les groupes armés".

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"Les ordres de grandeur du +business+ qui alimente la violence sont énormes", confirmait l'ICCN, en assurant "collaborer étroitement" avec l'armée pour tenter d'y remédier.

Un mois plus tard, le parc annonçait avoir repris aux milices une zone de 144 km2 située sur la rive sud-ouest du lac Edouard.

Outre la conservation de sa biodiversité, le PNVi mène des projets de développement en hydroélectricité, agriculture, pêche, tourisme. Ces projets, "axés sur la communauté" souligne le parc, visent "à réduire les pressions auxquelles les rangers sont confrontés en raison des groupes armés, du braconnage illégal et de l’empiètement des terres".

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AFP avec ACTUALITE.CD