Delly Sesanga a voté contre la 14e prorogation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Le député a dénoncé ce qu’il appelle « obstruction au débat parlementaire sur la situation sécuritaire à l'Est est une ». Selon lui, c’est une « attitude maladroite », et « un camouflage des dérapages actuels ». Il considère que l’état de siège s’enlise dans un contexte « d'implosion du cadre constitutionnel » offrant « une anarchie entretenue, dans laquelle les forces ougandaises opèrent et celles du Rwanda se prêtent aussi à se mettre en danse, sans un encadrement politique, militaire et juridique, compatible avec nos intérêts nationaux ».
Il plaide pour une analyse de fond de ce dossier parce que, dit-il, « à force de traiter cette question dans l'optique d'instrumentalisation à des fins de politique intérieure, les enjeux des agendas dans les pays de la sous-région nous entraîneront un jour sûrement là ou les congolais ont toujours refusé d'arriver: la perte de notre indépendance et de la souveraineté nationales ainsi que la dilution de l'unité du Congo ».
Il va plus loin et constate que la RDC ne fait pas montre d’ambition: « Le péril de voir le Congo réduit au statut d'un simple État client des pays de la sous-région nous menace plus que jamais ». Bien plus, l’ombre de la balkanisation ne serait pas aussi éloignée, croit-il.
« Dans l'ordre de l'histoire de l'existence des États, rien n'est jamais définitivement acquis. Les États naissent, meurent, survivent dans leur intégrité ou amputés, et quelques fois disparaissent « balkanisés ». Je pense qu'il est venu le temps - Je m'y emploie pour ma part - de poser un vrai regard de fond sur ce que devient notre pays et les risques qui le guettent face à la situation sécuritaire générale dans les Grands lacs ».
La question de la sécurité dans l’Est de la RDC provoque moult réaction au parlement et au sein de la société civile. Des députés comme André-Claudel Lubaya ou Juvenal Munubo se font l’écho de certains activistes comme le Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege qui sont ouvertement contre les opérations conjointes impliquant le Rwanda ou l’Ouganda. Ils proposent le renforcement des forces congolaises, la mise sur pied des mécanismes de justice transitionnelle ou encore l’instauration d’un tribunal international capable de juger les crimes commis en RDC.