RDC : comment endiguer les flux financiers illicites, les propositions du député Pasi Zapamba

News Forum
Les panelistes du News Forum d'ACTUALITE.CD.

Le député national Pasi Zapamba a intervenu au News Forum d'ACTUALITE.CD, organisé ce mercredi 8 décembre à l'hôtel Sultani, avec l'appui d'OSISA RDC. C'était en marge d'un atelier d'échanges multiacteurs sur la lutte contre les flux financiers illicites, le blanchiment d'argent et le rôle du système financier.

Pasi Zapamba, président du Réseau des Parlementaires Africains contre la Corruption (APNAC-RDC), a expliqué ce qu'il faut comprendre par les flux financiers illicites et a jetté les bases sur comment lutter contre ce phénomène qui fait perdre à l'Etat congolais des masses d'argent.

"Les flux financiers illicites sont des mouvements des fonds qui se passent à l'intérieur comme à l'extérieur. Ce sont des opérations ou de moyens qui passent par des voies illégales et non-autorisées et qui échappent aux institutions établies. Par exemple à l'est de la RDC, nous sommes attaqués. On se pose des questions : où est-ce que nos ennemis trouvent des moyens avec lesquels ils se procurent les armes ? Comment sont-ils alimentés? Nous pensons que c'est par des flux financiers. Les flux financiers illicites sont une partie de la corruption qui se déroulent avec les opérations essentiellement bancaires", a dit Pasi Zapamba.

Et d'ajouter : 

"Le vrai problème des flux financiers, c'est le manque de traçabilité. On ne sait pas la source des provenances de l'argent et l'on ignore également sa finalité. La Banque Centrale doit assurer le gouvernement de la République sur les conséquences des mouvements des fonds". 

Comment endiguer les flux financiers illicites, les propositions de Pasi Zapamba

Pour le député Pasi Zapamba, le renforcement des lois ainsi que la redynamisation de la Cellule Nationale des Renseignements Financiers (CENAREF) s'imposent afin d'endiguer la pratique des flux financiers illicites.

"La plus grande contribution pour lutter contre les flux financiers illicites, c'est de renforcer le cadre juridique. La CENAREF qui est la structure qu'on a mise sur pied 2004 ne fonctionne pas correctement parce que le gouvernement ne lui a pas doté des moyens nécessaires pour agir. Il est question de revisiter les textes législatifs. C'est une lutte qui n'est pas seulement nationale mais régionale et trans-régionale. Nous devons collaborer avec les pays voisins à travers des textes souples qui permettent de traquer des malfrats au Congo comme à l'étranger. Le gouvernement doit amener des projets y relatifs et le parlement n'hésiterai pas à les traiter en mode d'urgence", a-t-il proposé.

Par ailleurs, il a insisté sur la redynamisation de la Cellule Nationale des Renseignements Financiers (CENAREF) pour mieux contrôler les opérations de la Banque Centrale.

"La CENAREF, cette structure qui est habilitée à contrôler la banque centrale, a son compte logé dans cette banque. Pouvez-vous imaginer un seul instant que le locataire puisse contrôler le bailleur ? La situation dans laquelle se trouve la CENAREF l'empêche de contrôler la Banque Centrale. En dehors de son manque d'indépendance, la CENAREF ne dispose pas des matériels et technologies nécessaires pour contrôler la banque centrale. En plus sur le plan pratique, nous manquons la volonté politique de lutter contre les flux financiers parce que ce sont les autorités elles-mêmes qui orchestrent cela en gardant des comptes financiers à l'intérieur comme à l'extérieur. Ils font en sorte que leurs opérations ne soient ni vues, ni connues. La Banque Centrale organisent les flux financiers sous la bénédiction des autorités", a-t-il dit. 

L’objectif du News Forum d'ACTUALITE.CD était d’échanger sur des solutions permettant de lutter contre l’hémorragie fiscale que ces flux illicites provoquent. Au total 3 panelistes étaient autour de la table, à savoir : - Patrick Muyaya, ministre de la communication et des médias, porte-parole du gouvernement; - Jimmy Kande, ancien gestionnaire et analyste du risque crédit pendant 6 ans à la BCDC, chercheur en économie politique au Groupe d’étude sur le Congo; - Jean-Pierre Pasi Zapamba, député national et président d’APNAC-Congo

Jordan MAYENIKINI