Walikale : la culture d’aubergines, le secret des maraîchers pour pallier en peu de temps les défis socio-économiques liés à la guerre de l’AFC/M23

Aubergines récoltées par un maraîcher à Walikale
Aubergines récoltées par un maraîcher à Walikale

Après la guerre de l’AFC/M23 à Walikale en mars dernier, la majorité de la population qui vivait de l'élevage s'est vue dépouillée de tous les avoirs. Les produits d'élevage ont été pillés par les belligérants, situation qui a été à l'origine de la crise économique dans plusieurs localités affectées par les affres de la guerre à Walikale.

Pour contourner cet obstacle, la population a développé une nouvelle attitude. La majorité s'est retournée vers la culture maraîchère. Objectif, gagner rapidement de l'argent à travers cette activité agricole.

« J'ai perdu 12 chèvres et 4 porcs lors des récents combats ici à Walikale. J'ai vu tout mon espoir s'envoler. Répondre aux besoins de ma famille était devenu difficile car je n'avais plus de sources de revenus. Voilà pourquoi je me suis tourné vers l'agriculture pour tenter de gagner une fois de plus ma vie », a témoigné Nathanaël Musafiri, rencontré dans son champ.

Ce dernier dit avoir choisi la culture maraîchère car la récolte se fait en peu de temps.

« Je cultive des aubergines. J'ai choisi cette culture car au bout de trois mois seulement on commence à récolter. C'est une culture qui ne dure pas. Bien sûr elle est exigeante mais rentable », ajoute-t-il.

D'autres habitants se sont constitués en association villageoise pour booster leurs revenus à travers cette culture. Ils s'organisent en ristourne pour défricher les champs à tour de rôle.

« Cela a permis à chacun de nous d'avoir son propre champ d'aubergines. Nous sommes un groupe de 12 personnes, parmi lesquelles 4 femmes. Nous sommes aujourd'hui à l'étape de la récolte. C'est une affaire rentable je vous jure. Par semaine, nous récoltons deux fois. Celui qui n'a pas eu de production abondante, peut atteindre 30 bassins d'aubergines pour une superficie de 50 mètres carrés. Mais souvent, nous atteignons 50 bassins par semaine. Nous vendons un bassin à 20.000 FC », précise pour sa part Matthieu Kubuya, membre de cette association.

Selon lui, c'est l'abondance de production sur le marché qui a motivé la revue à la baisse du prix d'aubergines à Walikale. Avant l'occupation de la commune rurale de Walikale en mars dernier par les rebelles de l'AFC/M23, un bassin coûtait 25.000 FC. Mais, étant donné qu'actuellement beaucoup d'agriculteurs ont migré vers la culture maraîchère, les acheteurs deviennent rares pendant que la production est abondante. Du coup, un tas passe de 1000 FC à 500 FC, ce qui réjouit les consommateurs locaux.

« L'argent ne circule pas depuis un temps. Le fait de rabattre le prix nous réjouit car cela répond à notre coût de vie. Avec 1000 FC, vous avez deux tas d'aubergines, la famille ne peut plus manquer de quoi accompagner le foufou pendant que les aubergines sont sur le marché en abondance », se réjouit Cécile Mukelenga, une ménagère.

Avec les fonds que génèrent ces champs, des familles entières tentent de booster leur économie afin de subvenir aux besoins familiaux et financer d'autres projets de familles. La culture maraîchère est actuellement prise pour une activité principale génératrice de revenus par plusieurs familles à Walikale.