Djoli suggère que le budget de l’armée soit doublé: Comment nous pouvons nous-mêmes créer des conditions de notre disparition, s’interroge t-il

Les militaires congolais dans la zone opérationnelle de Beni/Ph ACTUALITE.CD

Près de dix heures de débat autour de la loi de finances 2022 lundi 16 novembre à l’Assemblée nationale. Christophe Mboso Nkodia a supplié les députés pour suspendre la plénière. C’est presqu’à 1H48 que la séance a finalement été interrompue. Elle reprendra jeudi 18 novembre à l’occasion des réponses de Sama Lukonde aux élus. Beaucoup de question sur la répartition de ce budget à la lumière des priorités affichées par le gouvernement dans son programme et le vécu quotidien de la population. L’une des interventions qui a fait parler, c’est celle du député Jacques Djoli. Elle était axée sur la sécurité. Le député MLC dit avoir constaté un écart entre les intentions du gouvernement et les chiffres présentés.

« On ne peut parler d’Etat sans puissance publique. C’est cela qui lui permet d’exercer son autorité, son pouvoir régalien. Sans armée, sans système de défense, tout système économique est vain. C’est malheureusement le cas de notre pays. Nous avons l’état de siège. L’ensemble de la partie orientale de notre pays est dominée par une centaine de groupes armés. C’est un Etat fort qui donnera naissance à un Etat prospère et à un Etat solidaire. Le gouvernement s’est donné pour objectif de reconstruction notre système de défense, de renforcer l’autorité de l’Etat, etc. C’est repris dans le texte. Il faut l’avouer: entre les dogmes, les déclaration d’intention et les réalités, il y a comme un gap. Ce qui est dit n’est pas ce qui est chiffré ». 

Des propos qui ne sont pas loin de ceux du Premier ministre:  « A cet instant même, les Congolais sont très préoccupés et en attente de résultats concrets des politiques publiques actuellement en chantier et qui sont notamment portées par le projet de Loi de finances qui vient de vous être présenté ce jour (…). Ce n’est un secret pour personne : nos compatriotes ne croient plus aux intentions et aux dogmes, ils veulent palper et vivre dans le vécu quotidien le changement ».

Jacques Djoli ne comprend pas pourquoi les dépenses explosent dans d’autres secteurs alors que la défense demeure moins lotie dans le projet de budget 2022.

« Il y a explosion des dépenses dans les ministères dits de fonctionnement ou des services généraux dans le budget précédent. On nous parle de dépassement qui arrive à 219%. Dans le budget actuel, les services généraux de l’administration vont prendre 38,21 % de dépenses. Le ministère des finances et du budget qui préparent le budget se donnent 11%. À la défense, ils donnent 3,95% ». 

Le député attend beaucoup de ses collègues et espère que la part de la défense sera doublée: « Nous sommes un pays en guerre. Notre armée n’est pas équipée. Elle n’est pas habillée. Comment nous pouvons nous même créer des conditions de notre disparition en tant que nation. L’ensemble des services de l’Etat a vu les rémunérations augmentées sauf l’Armée. Ce n’est pas normal. Au Sud-Kivu, nos militaires ne sont pas différents des Mai-Mai pour ce qui est des tenues. Il faut requalifier ce budget. Si nous nous n’avons pas une armée toutes nos stratégies de développement sont nulles ». 

Ces discussions se font dans un contexte de montée d’insécurité dans l’Est du pays. Vendredi dernier, 48 personnes ont été tuées dans une nouveau carnage attribué aux rebelles ADF a fait vendredi au moins 38 morts dans le Nord-Kivu. Une vingtaine de personnes étaient également tuées dans les provinces voisines de l'Ituri et du Sud-Kivu lundi.