Décès de Martine Misakabu: la famille doute de la version qui lui a été fournie

Photo/ Droits tiers
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Lundi dernier, l’agence de presse nationale zambienne (Mwebantu) a diffusé une information selon laquelle une jeune femme congolaise serait morte dans la rivière Kafue « alors qu’elle essayait de prendre un selfie ». La nouvelle a été répandue sur plusieurs sites du pays et sur les réseaux sociaux. Pour la famille, les traces de sang et les blessures visibles sur le corps empêchent de croire à une noyade. 

« La victime (Martine Misakabu) est arrivée dans le pays en provenance de la République démocratique du Congo en juillet 2021 et serait venue rendre visite à son beau-frère. Le 11 septembre, la victime en compagnie de son amie s'est rendue dans le district de Kafue pour assister à une cérémonie de mariage traditionnelle ‘Chilanga Mulilo’. Après la cérémonie, Mme Misakabu et sept autres personnes se seraient rendues à la falaise de la rivière Kafue pour une aventure vers 13h00» relate le média, qui attribue ces propos à Esther Katongo, porte-parole de la police de cette région zambienne.   

Et d’ajouter, « c'est à ce moment-là que la victime a essayé de prendre un selfie, pendant qu'elle essayait de se positionner, elle a glissé et est tombée dans la rivière. La police, en collaboration avec les pompiers, s'était précipitée sur les lieux et avait récupéré le corps ». C’est Alex Mwansa, mentionné par la police comme beau-frère de la défunte qui a pu identifier le corps. 

Des versions différentes

Au niveau de sa famille à Kinshasa, les inquiétudes ont commencé samedi soir, lorsque Martine devint injoignable. Dimanche matin, alors que la famille s’apprête à aller au culte, Julie, l'ainée, a reçu un appel. Alex Mwansa, congolais et ami de son père (et non beau-frère), qui appelle et fait savoir que Martine s’est noyée dans la rivière Kafue. 

« Ce même dimanche, son père s’est rendu à Lubumbashi. Lundi matin, il était déjà à Lusaka. C’est là qu’il va découvrir des nouvelles versions », poursuit l’Oncle paternel. 

Le père de Martine demande à voir le corps de sa fille. Avec Alex Mwansa, ils se rendent à la morgue. 

« Tout de suite, le père a remarqué des traces de sang sur la chemise de la jeune femme, dans ses narines et ses oreilles, des taches bleues sur la peau de son visage, des blessures autour de ses lèvres et près de son œil gauche. Nous savons également que lorsqu’un corps est tiré de l’eau, il gonfle, la peau est fade. Ce n’était nullement le cas pour Martine. Vous pouvez l’observer sur les photos, rien ne porte à croire que Martine s’est noyée en voulant prendre un selfie », regrette l’oncle.

Dans une des nombreuses versions à propos de ce décès inopiné, Martine se serait rendue à un mariage traditionnel, sur place, par manque de latrines, elle a dû se rendre à la rivière et c'est là qu'elle aurait perdu l'équilibre avant de se noyer.   Une autopsie attendue ce vendredi

La famille de la jeune femme a saisi l’Ambassade de la RDC en Zambie. Des avocats congolais ont été donnés à la famille. Ce vendredi, un médecin congolais va procéder à l’autopsie pour tenter de trouver les véritables causes du décès de la jeune femme. Une plainte sera ensuite déposée à l’Etat-Major général de la capitale sur base des résultats de l’autopsie. 

« Il y a quelque chose de louche. La mort de Martine n’est pas due à une noyade. Nous avons perdu notre fille. Elle n’était pas allée en Zambie pour voir la belle-famille, elle n’était pas malade. Nous voulons que les autorités congolaises s’impliquent, pour que nous puissions connaître les causes de sa mort, et que justice soit rendue à notre famille », a dit un autre membre de la famille. 

Martine Misakabu était deuxième d’une famille de cinq enfants, elle est née à Goma. Elle a fait ses études humanitaires et universitaires à Kinshasa. Elle détenait un diplôme de licence en Gestion financière et Marketing, 2017 de l’Université salutiste William Booth. A Kinshasa, elle travaillait dans une agence de voyage appartenant à son père.

Prisca Lokale