Avec les fonds du Go-pass, oubliant les priorités, les décideurs avaient privilégié la construction d’un pavillon présidentiel (37 millions USD)

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Dans son rapport publié ce mercredi, le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) basé à l’Université de New-York (NYU) note que le Go-Pass autrement appelé « Infrastructure Development Fund » (Idef) a généré au moins 225 millions de dollars sur la période allant de mars 2009 à décembre 2019. D’après les sources de la RVA consultées par GEC, ce montant a servi de caution pour l’obtention d’au moins 340 millions de dollars additionnels en prêts de la part de bailleurs de fonds et de banques privés. 

Suite à l’opacité dans la gestion, l’institut de recherche constate qu’il est difficile d’évaluer aujourd’hui les flux financiers de l’Idef. 

Pour GEC, il est clair qu’une bonne partie de cet argent n’a pas été utilisée pour les infrastructures qui devaient, d’après les objectifs d’instauration de cette redevance, bénéficier au grand public. Par exemple, environ 37 millions de dollars ont été versés pour la construction d’un pavillon présidentiel. En clair, Initialement estimés à 11 053 854,01 dollars, les travaux de construction de cet ouvrage auraient coûté 36 834 722 de dollars, selon la Cour des comptes. Mais en retraçant la situation financière de ce projet jusqu’en 2015, ces chiffres doivent une fois encore être revus à la hausse, note GEC. 

« Pourtant, selon la législation congolaise, il n’est possible de modifier les stipulations d’un marché public par voie d’avenant que  dans la limite de 15% de la valeur totale du marché de base », ajoute GEC qui rappelle que déjà en 2012, la Cour des comptes alertait quant à un « risque de dissipation des fonds et de surestimation des coûts des travaux » de ce pavillon présidentiel47. 

« Malgré son coût excessivement élevé, l’infrastructure s’est rapidement dégradée au point de nécessiter, en 2019, 145 000 dollars de travaux d’étanchéité et 150 000 dollars pour la réhabilitation les toilettes ». 

Le GEC regrette que « durant les deux premières années de collecte, le Go-pass n’aura servi qu’à faire honneur au président de la République et à la classe dirigeante qui jouissent de l’exclusivité de fréquentation de ce pavillon. Les usagers, principaux contribuables de l’Idef, eux, se contentent de modestes salles d’attente ».