RDC : l'actualité de la semaine vue par  Anny Modi

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La semaine qui vient de s'achever a été riche au niveau de l'actualité: hommages à Etienne Tshisekedi, élection du bureau définitif de l’Assemblée Nationale, prise de pouvoir du Chef de l’Etat à l’Union Africaine, tous ces faits sont commentés par la directrice exécutive de Afia Mama. 

Bonjour Madame Anny Modi et merci d’avoir accepté de répondre aux questions du Desk Femme de ACTUALITE.CD. Le 01 Février, la RDC a rendu hommage à  Etienne Tshisekedi wa Mulumba, l’un des acteurs clés de l’histoire de l’opposition. Que retenez-vous de cet homme politique ? 

Anny Modi : je retiens sa constance politique. C’est une personne qui est restée ferme dans son combat et ses convictions durant toute sa vie.

Quatre ans après sa disparition, que pensez-vous de la gestion  de l'UDPS et des acteurs qui l’animent ? pensez-vous que le chef de l'Etat qui est également son fils reflète suffisamment la position politique de son père ? 

Anny Modi : la gestion de toutes institutions ou organisations est évolutive. Et il faut à chaque fois s’adapter au contexte. On ne peut pas dissocier l’UDPS de l’histoire de sa création. Ce parti a une histoire assez particulière, sa vision a été collégiale. Bien qu'Etienne Tshisekedi soit celui qui a géré le parti pendant plusieurs années, il n’a pas été le seul à l’avoir créé. Je pense qu’il faudra mettre en place un collège des sages qui va réfléchir à ramener le parti à sa vision initiale pour l’améliorer. Concernant son fils, je suppose qu’à ce niveau, on ne peut pas prédire ses réalisations. Nous faisons un bilan d’actions réalisées par  Etienne Tshisekedi parce qu’il n’est plus. Par contre, son fils vient de commencer à mettre en œuvre sa vision pour le Congo. Je pense que c’est encore trop tôt pour juger du reflet de la vision de son père. 

Au niveau de la politique internationale, au cours de cette semaine, le Chef de l’Etat, en voyage en Egypte a également signé 4 projets d’infrastructures avec son homologue Abdel Fattah al-Sissi, quelle perception faites-vous de ces contrats ? 

Anny Modi : c’est une initiative encourageante. Il est très important pour le Chef de l’Etat d’avoir un projet pour l’amélioration des conditions de vie des Congolaises et Congolais. Cependant avant de signer des nouveaux contrats, il aurait fallu évaluer le contrat chinois pour en tirer des leçons.

La semaine a aussi été marquée par les élections du bureau définitif de l’Assemblée Nationale. Il en ressort que les deux femmes qui avaient postulé ont  été élues. Quelle lecture faites-vous du déroulement de ces élections ? 

Anny Modi : il sied de noter que ce ne sont pas uniquement ces deux femmes qui avaient postulé. D'autres candidatures  féminines ont été invalidées. Cela fait partie du processus électoral. En même temps, le point positif dans ce processus, est que les hommes acceptent la participation de la femme dans la gestion des institutions publiques. Sinon, la majorité des députés (composée d'hommes) ne voterait pas pour les deux femmes qui ont été alignées. A ce niveau, nous leurs souhaitons pleins succès dans leur mandat.

Au Senat également, un bureau d’âge a été mis en place en dépit de la position de Alexis Thambwe Mwamba et de son bureau. Ce qui a amené ces acteurs politiques à déposer leurs démissions le 05 Février. Que pensez-vous de cette situation politique ? 

Anny Modi : je pense que c'est un processus régulier. Il y a eu pétition et la démission s'en est suivie. Il n'y a rien d'illégal. Les uns et les autres ont usés de leurs droits et il appartient à présent au bureau d'âge mis en place de pouvoir organiser les élections.

Après un bureau définitif pro Union Sacrée à l’Assemblée Nationale, un autre bureau définitif pro Union Sacrée en vue au Sénat, pensez-vous que le Chef de l’Etat peut être assuré de la mise en œuvre de sa vision ?

Anny Modi : en tant qu'observatrices, nous nous réservons d'affirmer que la majorité des parlementaires est acquise à l'Union sacrée vu la versatilité de l'homme politique congolais. Il n'y a rien qui nous assure qu'ils seront cohérents et constants. En plus, au niveau du sénat, il n'y a pas encore eu d'élections et nous ne pouvons pas prédire ce qui va s'y passer. Cependant, nous insistons sur le renforcement du pouvoir judiciaire. Le Chef de l’Etat devrait redonner aux instances judiciaires leur crédibilité pour assurer une justice indépendante et impartiale. Il pourra ainsi parvenir à réaliser sa vision, celle de l'instauration d’un État de droit, où les textes sont respectés.

Quels défis présente aujourd’hui, la nouvelle Coalition CACH et quelques dissidents du FCC et comment y remédier ? 

Anny Modi : c'est de pouvoir déterminer la nouvelle majorité parlementaire. En vertu de la loi, cette majorité est définie par les partis politiques ou regroupements qui ont le plus de députés. Or aujourd'hui, des acteurs changent de camps alors qu'ils ont été élus sur des listes des regroupements politiques autres que là où ils vont. Ce qui peut amener les partis politiques à exclure leurs membres et cela pourrait avoir des répercussions sur leurs candidatures, leur légitimité ou leurs mandats au niveau du parlement. Donc, le vrai défi reste celui de déterminer la vraie majorité parlementaire.

Après l’année 2020, marqué notamment par la fermeture du marché central Zando pendant plus de 4 mois pour limiter la propagation du Coronavirus, le même marché a été fermé en janvier 2021. Selon les raisons évoquées par le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, c’est pour des travaux d’assainissements. Les manifestations organisées contre cette décision notamment au cours de la semaine ont été étouffées par les éléments de la police. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?

Anny Modi : je pense que la première chose est de séparer l'action de la police de la décision du gouverneur de la ville. La police est appelée à garantir la sécurité sociale. Dès lors qu'un événement peut dégénérer, il est du devoir de la police de s'assurer que cela n'arrive pas. Cependant, le gouverneur en tant que premier responsable de la ville, devait s'assurer que ces travailleurs ou commerçants qui nourrissent des milliers de familles à Kinshasa puissent chacun se trouver un lieu avant de mettre en place cette décision.

Propos recueillis par Prisca Lokale