Kikaya Bin Karubi: « l’Opposition que nous allons devoir incarner aura toutes les chances d’être la plus responsable qui soit depuis 1960 »

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Ancien Député, Professeur au Département des Sciences de l’Information et de la Communication à Université de KINSHASA, Faculté des Lettres, Barnabé Kikaya Bin Karubi est depuis longtemps dans le cercle fermé de Joseph Kabila. Il connait l’homme et sa pensée. Il est parmi les rares qui ont précédé et ont préparé le voyage de l’ancien président de la République dans l’ex-Katanga. Membre influent du FCC, Kikaya sait que la rupture est consommée avec Félix Tshisekedi. Il sait aussi qu’il faut une autre stratégie vis-à-vis de l’actuel pouvoir et vis-à-vis de la population. Alors que certains dans sa famille politique n’osent même pas prononcer le mot opposition, lui, il présente même le sens de ce que sera cette opposition dans laquelle ils se trouvent déjà.

« En effet, ce ne sera pas une Opposition autoproclamée comme l’a été 37 ans durant l’Udps de 1982 à 2019. Ce sera une Opposition parlementaire issue des urnes et, à quelque chose malheur est bon, rendue compacte après la requalification de la Majorité parlementaire ayant tout du patchwork qu’elle était jusque-là », dit-il sur son blog.

Suivant cette posture, la connaissance des arcanes du pouvoir est un atout majeur, pense-t-il.

« Ce sera une Opposition composée de femmes et d’hommes qui connaissent et maîtrisent les arcanes du pouvoir, de la gestion de la Res publica, ce qui n’a jamais été le cas de l’ancienne. Elle sait ce que représente la conduite des affaires de l’État dans tous les domaines de la vie nationale : politique institutionnelle et non institutionnelle, administration publique, sécurité, justice, diplomatie, macroéconomie, social, culturel ». 

Une opposition qui ne sera pas comme de l’UDPS à l’époque: « Elle n’agitera pas la rue par simple stratagème de victimisation pour s’attirer la sympathie des ONG de défense des droits de l’homme, des mouvements dits pro-démocratie, des médias  et, probablement, des confessions religieuses. Cette stratégie stérile n’a pas pu venir à bout du régime dictatorial qu’elle combattait ».

Pour opposition ne rime pas avec calvaire: « Penser un seul instant qu’évoluer dans l’Opposition dans ce pays est un calvaire, c’est avouer qu’on n’a jamais sû ce que représente le Contre-Pouvoir dans un régime démocratique. C’est admettre qu’on a été opposant (des décennies durant) sans savoir pourquoi ». 

Il insiste d’ailleurs sur l’opportunité d’une telle posture: « Quand, en plus, un tel aveu émane d’un cadre du parti aujourd’hui au Pouvoir, on comprend pourquoi la gestion de la Res publica fait flop et qu’on a vite fait de trouver dans le FCC un bouc-émissaire. L’Opposition FCC, la meilleure du pays en 61 ans d’indépendance, arrive d’ailleurs  bien à propos, surtout lorsque la réponse à tout est désormais jurisprudence ».