Les Kinois ont passé leur première nuit sous couvre-feu ce 18 décembre. A 6 heures de ce samedi, la rédaction Femme de ACTUALITE.CD est allée à la rencontre de celles qui se lèvent tôt pour nourrir leurs familles. Vendeuses des pains et des légumes, elles révèlent les dispositions prises pour ne pas connaitre une rupture de stock.
La boulangerie Pain Victoire est l’une des grandes usines de panification de Kinshasa. A l’intérieur, des centaines des femmes se précipitent devant les bacs. Moseka, vit dans la commune où est située cette usine.
« D’habitude, je fais ma commande à 4 heures du matin. Mais hier, j’ai tout fait à 17 heures. Je suis ici depuis 5 heures pour retirer ma commande des pains. Il va bientôt être 7 heures et je n’ai toujours rien reçu », s’inquiète-t-elle. Pour une commande de 10 bacs, elle se propose d'acheter 3 bacs auprès des dépositaires.
A quelques pas de Moseka, Gertrude, une dépositaire, commande des nombreux bacs des pains pour les revendre aux autres commerçantes. Ce matin, elle livre ses bacs moyennant 500 francs de plus. « La boulangerie dispose un bac de pains à 4.500 FC. Je le fais à 5.000 francs », confie-t-elle.
Sur le trajet entre le rond-point des huileries et le boulevard Triomphal, certaines femmes proposent des pains aux passants véhiculés. La nuit précédente, elles n’ont pas pu vendre jusqu’aux heures habituelles. C’est le cas de Hortense, quadragénaire et mère de trois enfants. «Nous vendons généralement nos pains le soir, entre 18 heures et 1 heure. Ceux qui reviennent du travail peuvent facilement acheter des pains et les ramener chez eux. Avec cette nouvelle mesure, nous étions obligées d’emballer nos affaires au plus tard à 19 heures pour quitter le lieu », dit Hortense Kabasele.
Située au croisement de la direction Saio et l'avenue Kasa Vubu, la Boulangerie UPAK est dans la commune de Ngiri-Ngiri, Contrairement à Pain Victoire, des femmes ont déjà reçu des pains ce matin. A l’intérieur du bâtiment, les dernières commandes se font sur place. La plupart d’entre elles confient avoir passé leurs commandes hier.
« Je suis arrivée à 5h15. J’avais déjà fait ma commande depuis hier à 16 heures. J’ai reçu mes pains sans beaucoup d’inquiétude. J’ai déposé des pains auprès de mes clients et le reste, je vends à d’autres passants », dit Schola Papy.
« Hier déjà nous étions prévenus », ajoute Maguy Mpala. Et de poursuivre: « Les responsables de la boulangerie nous avaient demandé d’arrêter avec les commandes au plus tard à 18 heures. Des travailleurs ont passé la nuit ici pour mettre à notre disposition des pains».
"J’ai passé ma nuit dans un dépôt "
Parmi les femmes qui se réveillent très tôt pour aller chercher des marchandises, il y a également des vendeuses des légumes et toutes sortes d’épices. Assise sur le sol, près de la station d’essence du Boulevard Sendwe, Souzy raconte: «Je suis arrivée au marché hier à 17 heures. Je savais qu’il y aurait embouteillages, je savais que le couvre-feu se terminerait à 5 heures et qu’à ce moment-là, tous les vendeurs allaient se précipiter aux arrêts des bus. J’ai pris toutes mes dispositions pour passer ma nuit ici. J’ai passé ma nuit dans un dépôt. A 22 heures, des colis étaient déjà arrivés. Dès 5 heures du matin, je commençais déjà à vendre ». Au Marché Mateba situé à Kalamu, Souzy vend des bottes des épices et légumes.
Tout comme Souzy, Kethia Mavinga, habitante de Kimbanseke, a passé la nuit hors de son domicile.
« Nous étions déjà à l’arrêt de bu hier à 17 heures. Mais, il n’y avait pas de transport. Nous avons dû attendre jusqu’à 21 heures et aucun bus ne voulait nous prendre avec toutes ces charges », dit-elle, présentant ses bottes de légumes. Et d’ajouter, « Finalement, une amie a accepté de nous héberger. Nous avons atteint le marché très difficilement. C’est à peine que je viens de m’installer et les clients ne viennent pas encore ».
Repousser l’heure pour faciliter la tâche aux vendeuses
Hortense Kabasele suggère cependant aux autorités de repousser à 23 heures, le début du couvre-feu.
« Cela va nous permettre d’obtenir des bénéfices et pouvoir nourrir nos familles. En plus, nous sommes dans les préparatifs des fêtes de fin d’année, ils doivent nous faciliter la tâche », suggère-t-elle.
A Odette, vendeuse des pains et habitante de Kapanga d’ajouter: « En dehors d’être une mesure barrière de la Covid-19, je suis convaincue que c’est pour notre sécurité, l’instauration de ce couvre-feu. Tout ce que nous voulons, c’est que les autorités nous disent à quel moment cette mesure prendra fin. Cela va nous permettre d’organiser notre temps et nos économies ».
Les autorités congolaises ont décrété à partir du 18 décembre jusqu'à nouvel ordre le couvre-feu, une des mesures de lutte contre la deuxième vague de la covid-19.
Prisca Lokale