RDC : une lettre ouverte de Filimbi, Lucha et LCD demande à Félix Tshisekedi d'exiger le rappel de l’ambassadeur rwandais Vincent KAREGA par sa hiérarchie

Vincent Kerega et Félix Tshisekedi/Ph. Droits tiers

Le mouvement citoyen Filimbi a adressé une lettre ouverte ce mardi 20 octobre 2020 au chef de l'État Félix Tshisekedi. Une copie de cette lettre est parvenue à ACTUALITE.CD. En voici le contenu : 

Monsieur le Président, 

Nous, citoyens congolais, engagés pour le changement au sein des mouvements citoyens, en communion avec la population, avions suivi avec indignation, consternation et désolation les propos négationnistes, révisionnistes et méprisants que Monsieur Vincent KAREGA, ambassadeur du Rwanda accrédité en République Démocratique du Congo (RDC), avait tenu en date du 24 août 2020 en réponse à un message publié sur Twitter dans lequel un bloggeur congolais rappelait le 22ème anniversaire du massacre perpétré en 1998 dans la localité de Kasika, dans la province du Sud-Kivu. 

Pour rappel, ce massacre de plus d’un millier de nos compatriotes, largement documenté dans le rapport Mapping, avait été l'œuvre de l'armée rwandaise et de ses complices congolais regroupés au sein du mouvement politico-militaire le « Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) ». Il est par conséquent totalement inacceptable que Monsieur KAREGA, représentant officiel du Rwanda en RDC, puisse publiquement souiller la mémoire de nos compatriotes lâchement abattus en tenant publiquement les propos ci-après: ‘Incohérence flagrante entre image et histoire. Narratif simpliste pour des accusations graves. Accuser sans évidence s’appelle calomnie. Villages sans noms, 1.100 morts avec deux noms. Circonstances de crimes et identité des criminels non dévoilée. Accusation ou propagande? '’. Et surtout, que cela soit considéré comme un fait divers.”

Ses déclarations largement partagées dans les réseaux sociaux, constituent une grave insulte pour notre Nation et pour notre mémoire collective. Elles sont survenues après les menaces à peine voilées proférées à la télévision publique rwandaise en premier lieu par James KABAREBE, ancien Chef d’Etat-major de l’armée rwandaise, à l’endroit du Docteur Denis MUKWEGE-dont le seul « crime » aux yeux du Rwanda serait d’être devenu le porte-voix de ceux qui demandent vérité et justice pour ces crimes graves-, suivies de celles de Paul KAGAME, le Président rwandais. L’attitude révisionniste des autorités de Kigali, leur mépris sans pareil envers les victimes de leurs crimes perpétrées dans  notre pays, et les intimidations qu’elles distillent contre ceux d’entre nous qui osent défendre la vérité et réclamer justice, trouvent malheureusement un terreau fertile dans ce qui paraît être une indifférence de la part des institutions que vous représentez.

Monsieur le Président, 

Le 04 septembre 2020, nous avons lancé une campagne citoyenne de mobilisation afin d’exiger le départ de la RDC de Monsieur Vincent KAREGA, à travers tout d’abord un sit-in devant les bureaux de l’ambassade du Rwanda en RDC, suivi d’une marche pacifique dont le point de chute était le siège du ministère des Affaires Etrangères. Deux activités totalement non-violentes qui ont malheureusement été réprimées par les forces de l’ordre alors que nous avions respecté l’ensemble des exigences légales en la matière. À la suite de ces actions, le Gouvernement, dont vous présidez les réunions des conseils des ministres, avait déclaré, par le canal de son porte-parole, que les bornes étaient dépassées et que des conséquences appropriées devraient suivre. Plus d’un mois après la publication des propos de Monsieur KAREGA portant atteinte à notre Dignité, nous sommes dans le regret de constater qu’aucune mesure n’a été prise. Plus étonnant, dans un entretien que vous avez récemment accordé à des journalistes d’origine congolaise installés en Belgique, vous avez déclaré qu’il n’était pas nécessaire de procéder à l’expulsion de ce diplomate sous le prétexte que cela créerait un incident fâcheux, tout en précisant que des démarches auraient été menées au niveau diplomatique en demandant aux autorités de son pays de le recadrer.

Monsieur le Président,

Chaque nation a sa propre histoire, et la nôtre a également la sienne que tout Etat avec lequel nous collaborons est tenu de respecter. Tout en rappelant que les relations internationales reposent sur certains principes comme la retenue et le respect, nous n’accepterons pas que notre Dignité soit bradée au nom d'une relation diplomatique fondée sur l'hypocrisie et la méconnaissance des crimes commis sur notre territoire.

Monsieur le Président,

Ecoutez les Congolais! Suivez la position du « peuple d’abord »! Exigez le rappel de l’ambassadeur Vincent KAREGA au Rwanda par sa hiérarchie! En outre, nous vous annonçons le lancement d’une pétition dont les résultats vous seront transmis afin de vous permettre de constater la détermination des citoyens, que vous représentez, à se prendre en charge, afin de recouvrer notre Dignité et honorer la mémoire de nos morts.  

Nous vous prions, Monsieur le Président, de croire à l’expression de notre considération très distinguée.

Filimbi, Lucha et Les Congolais Débout