Cinq cent nonante-trois (593) personnes, hommes et femmes, se présentant comme victimes des massacres survenus les 28, 29 et 30 mars 2017 dans la commune de Nganza à Kananga (Kasaï Central), ont formellement déposé plainte ce lundi 3 août auprès de l'auditeur militaire supérieur de l'ex-province du Kasaï Occidental.
Dix officiers généraux et supérieurs de l'armée en poste au moment des faits à Kananga et surtout l'ancien vice-premier ministre et ministre de l'intérieur de l'époque Emmanuel Ramazani Shadary sont visés dans cette plainte.
Les plaignants, qui agissent par le collectif de leurs avocats, décrivent ainsi les faits:
" Ces jours là (...) des hommes, dont certains d'entre eux, étaient de taille courte et de teint sombre, habillés en tenues militaires et, pour d'autres, en celle de la police nationale congolaise (...) lourdement armés et faisant partie du secteur opérationnel Grand Kasaï, du 2101 régiment, du bataillon de l'unité de l'état-major des renseignements et de la légion nationale d'intervention, ont pris d'assaut les quartiers Nsele, Nganza nord, Nganza sud, Salongo Muimba, Tshikaji et le village Nkandi dans la commune de Nganza".
Ils révèlent que ces hommes armés ont pénétré de force dans leurs maisons avec une brutalité insoupçonnée et leur ont exigé sous menaces, et une rare cruauté de l'argent.
" Ils ont tiré des balles réelles sur nos parents, frères et soeurs (...). Les cadavres des victimes étaient transportés non seulement dans les camions de l'office des routes mais aussi ceux des militaires de marque Kamaz puis enterrés dans les fosses communes au camp de l'école de formation des officiers au niveau de la localité Bakaji Ndumba et dans certaines parcelles des victimes", racontent les plaignants.
La plainte précise que les femmes, qui ont survécu à ces massacres, ont fait l'objet des viols collectifs de la part de ces hommes en uniforme.
Les victimes justifient leur plainte par les fonctions qu'occupaient dans la chaîne de commandement et au sein du gouvernement de la République les uns et les autres.
" Étant donné que certains cités étaient responsables des forces de défense et de sécurité dans l'armée, la police ainsi qu'au sein du gouvernement central, qu'ils ne pouvaient pas en ignorer l'ampleur et qu'il est difficile de concevoir qu'une telle opération ait ou être conduite sans qu'ils n'en soient tenus informés ou sans autorisation préalable ou encore sans répression de ces actes odieux de leur part", disent-ils.
Ils pensent en outre que ces actes ignobles ont défié toute imagination et constituent des graves violations des droits de l'homme et des violations flagrantes du droit international humanitaire et souhaitent que justice leur soit rendue.
Parmi les officiers de l'armée cités dans la plainte, il y a les généraux Marcellin Assumani Issa Kumba et Bertin Mputela respectivement commandant du secteur opérationnel des FARDC et responsable de la 5ème région militaire au moment des faits.
Pour rappel, durant ces trois jours, au plus fort de l'insurrection des miliciens Kamuina Nsapu, une opération de traque des miliciens avait été menée par l'armée dans la commune de Nganza à Kananga considérée comme le bastion de la milice. Selon plusieurs rapports d'ONG, plus de 300 personnes avaient été tuées.
Sosthène Kambidi, à Kananga