Chantal Kanyimbo: « parmi les principaux chantiers, il y a d'abord les valeurs qui fondent le métier d’informer »

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Elle incarne incarne toujours la figure de la journaliste professionnelle, la référence. Son charisme sur les antennes de la RTNC imposait respect tant auprès de ses invités qu’auprès de ses nombreux téléspectateurs. Aujourd’hui membre du Conseil Supérieur de l’audiovisuel et de la Communication (CSAC), Chantal Kanyimbo répond aux questions de ACTUALITE.CD à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.

Quel est, selon vous, le rôle de l’information journalistique dans la construction de la démocratie et du développement en RDC?

 

En ce XXIème siècle, avec les nouvelles technologies de l'information, l'information est plus que jamais une denrée nécessaire à la prise des décisions. Avoir l'information, c'est disposer du savoir. La connaissance est importante pour déterminer les stratégies politiques de développement. Alors que les nouvelles technologies de l'information permettent à n'importe quel citoyen de mettre n'importe quelle information sur les réseaux sociaux, plus que jamais le rôle du journaliste est déterminant dans la vérification, selon les procédés professionnels, des informations objectives afin de ne pas dérouter les consommateurs.  

 

Vous savez les dégâts des Fake news qui abusent la bonne foi des consommateurs. Il est difficile de mobiliser les gens qui ont été désorientés par les Fake news pour une bonne cause. C'est qui se passe avec le Covid-19 chez nous, par exemple illustre bien les méfaits de la mauvaise information. Les citoyens sont crédules et ne respectent pas les règles pour faire barrière à la propagation du Coronavirus. Il en est de même de tout projet de développement. Si les citoyens n'ont pas la bonne information donnée par des journalistes professionnels, ils ne vont pas adhérer au comportement qui favorise la réalisation et la maintenance du projet visant l'amélioration du bien-être, l'intérêt général. 

 

Dans le monde actuel où l'information est incontournable, les journalistes plus que jamais, sont des intermédiaires nécessaires pour faire le tri dans toute cette profusion d'informations qui se télescopent. Il est vrai qu'en RDC, le contexte économique ne favorise pas l'émergence des médias disposant des modèles économiques assurant l'indépendance des journalistes. Mais, comme partout ailleurs,  les médias sont confrontés à différents défis, il appartient aux médias congolais de développer des stratégies économiques qui permettent de leur donner les moyens de jouer le rôle que la société attend d'eux pour continuer la construction de la démocratie et former les citoyens à participer aux projets de développement du pays.

 

Quels sont, selon vous, les principaux chantiers pour faire de l’information journalistique un pilier de la démocratie et du développement en RDC?

 

Pour moi, les principaux chantiers, c'est d'abord les valeurs qui fondent le métier d'informer. Ces valeurs morales sont très importantes pour garantir le droit à l'information pour tous. 

 

Et puis, il y a aussi le cadre légal qui a besoin d'être actualisé pour intégrer des nombreux paramètres qui permettront d'assurer un certain nombre de facilités aux médias qui jouent un rôle de service public, mais aussi le respect des dispositions légales dans la création d'une entreprise dans le secteur des médias. Il aussi que les entreprises de presse respectent les droits des employés. 

 

J'ai lu récemment comment les médias sud-africains se battent pour, dans un contexte de crise économique pour cause du Covid-19, se donner les moyens de pouvoir payer les salaires des journalistes. La diversification des sources de financement est une garantie pour l'indépendance des journalistes et des médias. Ainsi, on peut vraiment prétendre être le quatrième pouvoir et contribuer à la démocratie. 

 

Qu’est ce qui est le plus urgent à faire aujourd’hui?

 

Le respect des règles déontologiques et de l'éthique professionnelle.

CONTEXTE

Malgré ce bond, Journaliste en danger (JED) brosse un tableau sombre de la situation.  En l’espace de 12 mois, soit depuis la célébration de la dernière journée mondiale de la liberté de la presse, le 03 mai 2019  jusqu’au 03 mai 2020, au moins 83 cas d’atteinte à la liberté de la presse ont été documentés à Kinshasa et dans les différentes provinces de la RDC. 

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