Le Bureau des Consultations Gratuites (BCG) du barreau des avocats du Kasaï Central exprime sa vive préoccupation à la suite du calvaire traversé par les femmes violées dans la localité de Mulombondi (commune de Kananga) et dans la commune de Nganza. Elles ont subi d’abus sexuels en marge de la répression des forces de défense et de sécurité contre les miliciens Kamuina Nsapu en septembre 2016 et mars 2017, comme le dit un communiqué rendu public le lundi 27 avril à Kananga.
Le BCG note que les fiches de consultation médicale de ces femmes renseignent que bon nombre d'entr'elles sont infectées voire contaminées par le VIH et souffrent des douleurs à leurs bas ventres et des maux de tête récurrents. En conséquence, ajoute le BCG, elles ont été renvoyées de leurs maisons conjugales comme si elles étaient responsables de la forfaiture.
« Ces femmes sont considérées comme souillées et indignes de vivre au foyer. Par cette stigmatisation imméritée, elles sont obligées de supporter non seulement l'horreur de l'attaque qu'elles revivent au quotidien, mais aussi la double douleur de l'humiliation et du rejet. Elles crient chaque jour, à la face du pays et du monde, leur désarroi face à l'insouciance choquante, exaspérante et, peut-être moqueuse, qui côtoie leurs blessures profondes et ignore leurs larmes », peut-on lire dans ce communiqué signé par le bâtonnier Dominique Kambala Nkongolo.
Tout en disculpant ces femmes de leurs responsabilités pénales car n'étant pas auteurs de violation de la foi conjugale, le BCG exhorte les époux victimes indirectes à faire recours aux cérémonies et rites coutumiers, « qui, aux dires d'experts ou notables, ont vocation à rétablir le lien réel ou supposé rompu entre la communauté et ses divinités à la suite de la souillure dont pourrait être couvert le crime allégué. »
En conclusion, le BCG encourage la primauté du pardon et conseille aux maris de ne pas répudier ces femmes car ils pourraient se rendre coupables des abus susceptibles d'être qualifiés de coutume avilissante et hostile à leur émergence, à leur épanouissement et à leur promotion.
Pour mémoire, des centaines des femmes ont été violées en présence de leurs maris et enfants dans la ville de Kananga par les éléments des forces de défense et de sécurité comme l'affirment plusieurs ONGDH. Des enquêtes ont été ouvertes par la justice militaire. Paradoxalement à ces enquêtes, les maris ont décidé de répudier leurs femmes au motif pris que la coutume Kasaïenne considère que la consommation d'une relation sexuelle avec une autre personne que son conjoint est un crime coutumier grave car il constitue une offense au foyer conjugal.
Sosthène Kambidi