Goma : le personnel médical de la prison Munzenze en grève sèche suite au manque d’intrants médicaux

Goma, Photo ACTUALITE.CD/Ley Uwera

Le personnel médical de la prison centrale Munzenze à Goma (Nord-Kivu) ont entamé lundi 23 septembre 2019 une grève « radicale » suite à la rupture d’intrants médicaux.

Depuis le jeudi dernier, les agents sanitaires de la prison Munzenze observaient un service minimum. Dr Marcelin Kamabu est allé rencontrer lundi le gouverneur ad intérim du Nord-Kivu, Jean Bosco Sebishimbo.

« J'insiste que la grève est radicalisée parce que pas plus tard que le samedi (ndlr : le 21 septembre 2019), nous avons reçu une vingtaine de détenus venant de Rutshuru. Tous en très mauvais état général. De ces 20 détenus, 12 ont la malnutrition et 5 ont le paludisme. Et il n'y avait même pas un seul comprimé pour les soigner. Il n'y avait même pas un seul sérum physiologique pour remonter l'hémodynamique. C'est inacceptable. Alors, au lieu de cautionner tout ça, on s'est dit, autant mieux alerter et ne pas travailler. C'est une question d'État qui doit être traité avec beaucoup de sérieux », a dit le Dr Marcelin Kamabu.

Initialement construite avec une capacité d'accueil de 300 détenus, la prison centrale héberge à ce jour plus de 2500 détenus.

Parmi les maladies enregistrées à la prison centrale de Goma, il y a des infections respiratoires aiguës, la tubercule, la malnutrition, la diarrhée, le choléra, les dermatoses, les infections sexuellement transmissibles (IST) et le VIH-SIDA.

On compte 75 femmes détenues dans des conditions difficiles. « Il n'y a pas des places où les mettre. Je regrette surtout la situation des femmes enceintes. Elles passent la nuit à même le sol parce qu'elles n'ont pas des moyens pour payer la caution. Il y en a qui souffrent du marasme par manque de nourriture. Il faut la consultation gynécologique pour les femmes. Certaines refusent parce qu'il n'y a même pas de rideaux alors que la nudité doit être respectée. Et il n’y a pas des médicaments gynécologiques », témoigne un infirmier du bloc femme.

Lors de ses dernières vacances parlementaires à Goma, le député national Jean Baptiste Kasekwa avait dénoncé les mauvaises conditions carcérales dans la prison de Munzenze.

« C'est devenu le cimetière central de Goma. Nous avons 2543 détenus. Et ce qui est plus grave, plus de 60% de ces gens-là n'ont jamais été jugés. J'ai rencontré une personne qui vient de faire trois ans simplement parce qu'il avoue qu'il avait volé un dindon. Et ils sont nombreux comme ça. Donc, ce sont des cas graves, il faut qu'on obtienne le désengorgement de cette prison », avait-il alerté.

Les agents de santé de la prison de Munzenze réclament aussi l’amélioration de leurs conditions socio-économiques. Selon eux, un infirmier touche entre 60 000 FC et 100 000 FC le mois. « C’est inacceptable, qui peut vivre avec un tel montant ? », s’est interrogé Dr Marcelin Kamabu.

Jonathan Kombi