Tanganyika : La Monusco met en place des mécanismes pour prévenir les violences

Photo ACTUALITE.CD.

La section affaires civiles de la Mission de l’Organisation des Nations-Unies pour la stabilité au Congo (Monusco)  a mis en place des mécanismes de prévention des violences et des poursuites de ses auteurs dans un contexte d’après-guerre intercommunautaire entre Bantu et Twa dans la province du Tanganyika.

Il s’agit de la mise en place de réseau d’alerte communautaire (CAN), les comités locaux de Protection  ainsi que les barazas qui sont un lieu d’échanges entre les communautés en conflit (Bantou-Twa) en faveur de la paix et du développement. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la protection  qui rentre dans le mandat de la mission onusienne en RDC.

Les alertes sur les menaces ou les tensions fournis par les membres du réseau d’alerte communautaire sont partagés avec les contingents de la Monusco, les autorités locales, les services de sécurité  dans le but de prévenir et de trouver de solution. Des numéros téléphoniques sont mis en place que les membres appellent ou font juste un bip et ils sont rappelés afin de passer l’alerte.

Selon Julia Wickham, coordonnatrice de la section affaire civile de la mission au Tanganyika, la Monusco en partenariat avec les autorités locales et provinciales poursuit les activités de renforcement des capacités avec tous les acteurs de la protection pour l’appropriation de ces outils de protection  par la communauté. Elle se félicite du travail abattu par les affaires civiles tout en admettant que beaucoup reste à faire puisque la paix est un processus.

Les chefs des quartiers de la ville de Kalemie et les membres du comité local de protection  notent des résultats encourageants qui découlent des initiatives des affaires civiles.

« Nous sommes satisfaits des résultats. Depuis que nous avons commencé, il y a la réduction de cas de vols à main armée, la réduction de banditisme urbain (Kuluna) malgré quelques résistances à Kisebwe). Mais nous déplorons l’intervention tardive de notre police et le manque d’équipement. Aux affaires civiles, nous demandons si possible de nous doter aussi des téléphones et de crédit pour mieux faire les alertes », a dit M. Buana Kudja, chef du quartier Katamwa.

Contexte

Le conflit interethnique qui oppose les Lubas (Bantou) et les pygmées, issue de la tribu de Twa, s'est déclenché, depuis 2012, à Luela, dans le territoire de Manono (Tanganyika). A l'origine, les pygmées minoritaires voudraient faire valoir leurs droits et résister face aux lubas qu'ils considèrent comme leurs oppresseurs.

Selon plusieurs témoignages recueillis par ACTUALITE.CD, ce n'est qu'en 2016 qu'il y a eu l'embrasement. Le conflit  s'est étendu dans toute la province du Tanganyika en impliquant toute la communauté bantu face à la communauté twa. Plus de 150 personnes ont été tuées et des milliers d'autres personnes se sont déplacées au cours de ces violences avant qu'un accord de paix ne soit signé en 2017 sous la facilitation des autorités congolaises. Malgré cet accord, les deux communautés ont repris les violences à l'approche des élections générales de décembre 2018. C'est dans ce cadre que la Monusco a déployé 850 soldats indonésiens pour stabiliser cette partie sud-est de la RDC.

Auguy Mudiayi