COP30: la RDC dévoile sa feuille de route dont le fer de lance est l'installation du centre régional d'excellence du marché Carbone à Kinshasa

Photo d'illustration
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La 30e Conférence internationale des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) aura lieu du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, capitale de l'État du Para située au nord du Brésil. La COP30 fait suite à la COP28 de Dubaï en 2023 et à la COP29 de Bakou qui s'est tenue fin 2024.

C'est dans ce cadre que la République Démocratique du Congo affine ses positions avant la tenue de ce grand rendez-vous climatique mondial. Jeudi 31 juillet 2025 à Kinshasa,la ministre d'État, ministre de l'environnement et développement durable Ève Bazaiba Masudi a présenté officiellement la feuille de route de la participation congolaise à ce rendez-vous international du climat, tout en lançant les premières activités préparatoires.

Dans une salle du centre culturel de Kinshasa réunissant partenaires techniques et financiers, société civile environnementale et administration sectorielle, Ève Bazaiba Masudi a détaillé les cinq grandes priorités que portera la RDC à Belém, dont le fer de lance est l’installation du Centre régional d’excellence du marché carbone à Kinshasa. 

Ce centre, dont l’inauguration est prévue durant la Semaine du climat, ambitionne de positionner la RDC comme un acteur majeur du marché carbone en Afrique centrale. Il permettra au pays de structurer ses initiatives de réduction des émissions de gaz à effet de serre, tout en ouvrant l’accès à de nouveaux financements pour le développement durable.

"Les marchés du carbone s'imposent comme un mécanisme 
essentiel pour encourager les actions et initiatives visant l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) tout en ouvrant de nouvelles opportunités de financement pour le développement durable.Paradoxalement, le continent Africain, de manière générale reste à l’écart de cette opportunité, malgré ses vastes ressources naturelles et son 
potentiel d'atténuation. A cet effet, le Gouvernement de la République démocratique du Congo s'est associé au Programme des Nations Unies pour le 
développement (PNUD) pour apporter une solution à ce problème via un centre Régional d’Excellence pour les marchés 
du carbone, qui sera installé à Kinshasa pour appuyer le développement des marchés du carbone en Afrique. Ce Centre régional d’Excellence sera présenté à la COP30 en tant que fruit d’un partenariat entre la RDC et le PNUD", a fait savoir la Ministre d'État Ève Bazaiba Masudi.

Toujours dans le cadre de la stratégie de la RDC, la Ministre d'Etat, Ministre de l'environnement et développement durable Ève Bazaiba Masudi a confirmé une collaboration active avec des experts internationaux, notamment de l’organisation américaine Woodwell Climate Research Center, afin d’élaborer une stratégie robuste d’accès au marché carbone, sous la coordination de Glen Bush. Autre priorité stratégique : le mécanisme de paiement pour services environnementaux (PSE), déjà en cours dans les localités de Lukolela, Ingende (Équateur) et Songololo (Kongo Central). 

Ce projet vise à récompenser financièrement les efforts individuels et communautaires en matière de préservation forestière. Ce mécanisme vient combler les limites constatées dans les initiatives carbone, où certains territoires conservateurs se sentaient exclus des bénéfices.

"Conscients de l’envergure que prendront le TFFF, le Brésil et le bassin de l’Amazonie lors de la COP30, les pays du Bassin du Congo se sont préparés en conséquence autour des PSE. A cet effet, une note de position et une feuille de route régionale de déploiement des PSE en Afrique Centrale a été préparée par les pays membres de l’initiative CAFI, pour les soutenir dans la communication autour de cette nouvelle stratégie.Subsidiairement à cela, un canevas de projet et deux outils 
numériques de planification et de gestion des PSE ont également été développés par la République Démocratique du Congo et l’Initiative pour les forêts d’Afrique Centrale (CAFI), pour servir à l’ensemble des pays de la Région. Les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) sont une stratégie de lutte contre la déforestation par le moyen des incitations économiques au bénéfice des individus et des communautés qui agissent en faveur de la protection des forêts", a indiqué Ève Bazaiba Masudi, patronne de l'environnement.

Et d'ajouter :

"Pour démontrer à la COP30 que la RDC est prête pour un déploiement à grande échelle des PSE, le MEDD et son partenaire CAFI avaient lancé en janvier 2025 un mini projet dénommé « Feuille de Route Genève-Belém », avec une série 
d’activités de démonstration des PSE de la RDC à Belém. Un Side-évent sera organisé, au cours duquel des paiements 
mobiles seront effectués depuis Belém, à des bénéficiaires PSE développés se trouvant en RDC à travers nos partenaires du Fonds Mondial pour l’Environnement WWF, et de l’ONG internationale One Acre Fund, sous la supervision de l’UNOPS".

D'après Ève Bazaiba Masudi, la République Démocratique du Congo entend arriver à Belém avec une délégation unifiée et préparée. Le gouvernement œuvre déjà avec ses partenaires pour harmoniser les positions et éviter toute dissonance lors des négociations. En tant que “pays-solution”, la RDC mise sur son immense bassin forestier pour peser dans les discussions sur la finance climatique et la reconnaissance des efforts de conservation.

"Nous irons à Belém dans un autre pays forestier, le Brésil. Ce sera l’occasion de souligner l’importance vitale des forêts tropicales et d’exiger des financements à la hauteur de nos efforts”, a insisté la Ministre d'Etat Ève Bazaiba.

La patronne de l'environnement et Développement Durable, Ève Bazaiba Masudi a également rappelé que les négociations se font dans un cadre Nord-Sud, où les pays du Sud, détenteurs des ressources naturelles, demandent des actions concrètes au Nord en matière de justice climatique. La RDC ne compte pas faire cavalier seul. Elle prévoit de renforcer sa coalition trilatérale avec le Brésil et l’Indonésie, les trois plus grands pays forestiers tropicaux du monde. Ensemble, ils comptent faire pression pour une meilleure mobilisation des ressources et une reconnaissance accrue de leurs rôles dans l’équilibre écologique mondial.

En parallèle, la RDC travaille également à la reconnaissance du crime d’écocide, avec l’appui de partenaires juridiques internationaux. Le pays veut inscrire à l’agenda climatique les atteintes graves à l’environnement, comme les pollutions industrielles et les déversements toxiques. Avec cette feuille de route axée sur cinq piliers majeurs à savoir la consolidation de l’Alliance entre le Brésil, la RDC et l’Indonésie ; l’appui à l’adoption et au lancement du TFFF / le Fonds Perpétuel pour les Forêts Tropicales ; la démonstration des PSE ; l’Installation du Centre Régional d’Excellence sur le marché de Carbone ; et enfin Appui au PLEDGE 2.0, la République démocratique du Congo confirme sa volonté de jouer un rôle central à la COP30. Forte de ses ressources naturelles et de son engagement, elle compte transformer ses défis environnementaux en leviers de développement durable et de leadership climatique mondial.

Rappelons-le, les États signataires de la Conférence-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se réunissent chaque année depuis 1995, sous l’égide de l’ONU, dans le cadre de la Conférence des parties (COP) sur les changements climatiques afin de suivre et évaluer les engagements pris dans le cadre de la CCNUCC, du protocole de Kyoto et des Accords de Paris.

Les COP sur les changements climatiques sont l’occasion de dialoguer entre différents types d’acteurs et le Pacte mondial des Nations unies y participe afin de porter la voix sur secteur privé comme vecteur de solutions pour la réalisation de l’Agenda 2030.

Clément MUAMBA