Violences à Djugu : « les villages sont vidés de leurs habitants et les gens souffrent dans le camp de déplacés » - Témoignage

ACTUALITE.CD

Jean-Floribert Tepe Gombi est arrivé à Kasenyi en mars 2018. Il a fui les violences de Djugu. Il est aujourd’hui le président des déplacés sur ce site situé à quelques mètres du Lac Albert, à la frontière ougandaise. C'est là que ACTUALITE.CD l'a rencontré.

Il était éleveur et pécheur dans la localité appelée « Café-centre », à environ 25 km de Kasenyi. Depuis plus d’un an il a tout a abandonné et s’occupe désormais d’autres déplacés.

« Beaucoup de villages se sont vidés : Il n’y a plus personnes à Torges, Muvaramu, Pigeon, Café ou encore Nyamamba (…). Les gens sont arrivés ici et souffrent beaucoup. Ils mangent mal et beaucoup souffrent de maux de ventre, de la malaria. Les conditions sont difficiles ici. Les gens dorment mal, d’autres passent nuit à la belle étoile ».

Il a vu les gens venir et d’autres traverser le lac pour rejoindre l’Ouganda, mais lui veut rentrer chez lui, mais il ne peut pas.

« Nous voulons que la paix revienne. Nous sommes prêts à rentrer. Chez nous, il y a nos champs et nous faisons également de l’élevage. Certains sont des pêcheurs, d’autres sont également des commerçants. Nous attendons que la paix revienne, bien que nos maisons aient été détruites ».

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Il déplore les conditions de vie à Kasenyi et appelle à l’aide.

« Certains vont couper du bois et viennent vendre ici. D’autres travaillent comme hommes ou femmes de ménage, parfois très loin d’ici ».

Ecoutez Jean-Floribert (en swahili) ici.

Contexte

Les violences armées ont resurgi en avril dernier dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé dimanche avoir démantelé le groupe armé dirigé par un certain  « Ngudjolo » après les offensives menées depuis le 27 juin pour la conquête du bastion des miliciens situé dans la forêt Wago dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ». 

Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils étaient tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes arrivés à Bunia étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi. Cette semaine, l'ONU a annoncé le décaissement de quelque 6,5 millions de dollars américains pour répondre à la crise humanitaire dans la province de l'Ituri.