Violences à Djugu : le nombre de déplacés a triplé à Kasenyi, plusieurs familles passent nuit à la belle étoile

ACTUALITE.CD

Kasenyi, bourgade située à environ 50 km de Bunia, à la frontière avec l’Ouganda, accueille des déplacés de Djugu depuis février 2018. Fuyant les violences, ils étaient déjà 570 ménages (plus de 2000 personnes) à occuper le site aménagé à la lisière du Lac Albert pour eux. Depuis deux semaines, les chiffres ont triplé : 1446 ménages (plus de 7000 personnes) sont arrivés. Certains ont trouvé une place sur ce site, mais beaucoup vivent dans des familles d’accueil.

Jeannette, la trentaine révolue, est assise à même le sol, sous un arbre.

« Ca fait deux semaines que nous sommes ici. Je viens de Nyamamba. J’ai fui la guerre. J’ai cinq enfants ici. Nous passons nuit à la belle étoile et nous manquons même où dormir. Tout ce que je demande c’est une bâche pour ne plus passer nuit dehors ».

A côté d’elle, Birungi, de quelques années sa cadette, vient également de Tchomia.

« J’ai deux semaines ici. J’ai fui les violences. Je passe nuit aussi dehors avec mon bébé de sept mois. Je n’arrive même pas préparer pour moi et mon bébé. Tout ce que je demande, c’est une bâche et quelques casseroles pour préparer ».

Jean-Floribert Tepe est arrivé en mars 2018. Il est le président des déplacés de ce site.

« Il arrive que nous trouvions à manger, mais les besoins sont énormes. Il faut des bâches pour ceux qui étaient déjà là, mais aussi ceux qui sont arrivés récemment. Certains passent nuit dans des églises, dans les écoles, sous les arbres. Ils sont exposés à des intempéries. Les enfants tombent malades souvent ici ».

Contexte

Les violences armées ont resurgi en avril dernier dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé dimanche avoir démantelé le groupe armé dirigé par un certain  « Ngudjolo » après les offensives menées depuis le 27 juin pour la conquête du bastion des miliciens situé dans la forêt Wago dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ». 

Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils étaient tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes arrivés à Bunia étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi. Cette semaine, l'ONU a annoncé le décaissement de quelque 6,5 millions de dollars américains pour répondre à la crise humanitaire dans la province de l'Ituri.