Au total, 44 professionnels de santé ont déjà été contaminés par la maladie à Virus Ebola dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri en 4 mois d'épidémie, a annoncé ce jeudi 06 décembre le ministre congolais de la Santé, Oly Ilunga, regrettant la mort de 12 d'entr'eux.
Les 44 agents de santé contaminés représentent 9 % du nombre total de cas, a indiqué lors d'un point de presse ce jeudi à Kinshasa, Oly Ilunga.
Ces 12 agents de santé décédés font partie des 273 personnes mortes d'Ebola dont 225 confirmés et 48 probables depuis la déclaration de l'épidémie, le 1er août dernier, dans le territoire de Beni, frontalier avec l'Ouganda.
Le renforcement des mesures de prévention et contrôle des infections dans les formations sanitaires publiques, privées et traditionnelles est l’une des priorités des équipes à l’heure actuelle, a ajouté le ministre de la Santé.
Flambée de nouveaux cas à Butembo et Katwa
Ces trois dernières semaines, a relevé Ilunga, une "augmentation importante" de cas d’Ebola a été observée à Butembo et Katwa, dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu).
Les principaux défis dans ces zones sont liés à la forte densité et mobilité de la population dans cette grande ville commerçante de plus d'un million d'habitants.
Dans ces deux entités proches de l'épicentre de l'épidémie, l’expression des réticences par la communauté est "plus violente que la réticence habituellement observée lors des précédentes épidémies d’Ebola", a regretté l'autorité sanitaire.
Cette réticence s'exprime à travers la destruction régulière du matériel médical et des centres de santé ainsi que les agressions physiques des agents de santé, selon le ministre de la Santé.
L'épidémie durera encore plusieurs mois
Plus dangereuse épidémie d'Ebola depuis 1976, l'actuelle flambée durera encore plusieurs mois, selon le ministre qui a salué le travail "remarquable" des équipes de la riposte qui ont permis d’éviter que l’épidémie ne se propage jusqu’à Goma, Bunia et les pays voisins.
Le risque de propagation restera très élevé jusqu’à l’extinction complète de l’épidémie, a-t-il précisé. Plus de 40.000 personnes ont déjà été vaccinées contre Ebola dans l'est de la RDC pour "éviter des dizaines de milliers de cas et de morts", a annoncé Oly Ilunga.
Sans l'intervention des agents de la riposte , le pays aurait "probablement déjà atteint plus de 10.000 cas d’Ebola en 4 mois, soit près de la moitié du bilan de l’épidémie de l’Afrique de l’Ouest qui a duré 2 ans", a-t-il indiqué.
Deuxième importante épidémie d'Ebola au Monde
La RDC connaît sa dixième épidémie d'Ebola depuis 1976. L'actuelle est la deuxième plus dangereuse épidémie au monde. L'épidémie la plus meurtrière à ce jour s'est déclarée en Afrique de l'Ouest, en décembre 2013, et a duré plus de deux ans faisant plus de 11.300 morts sur 29.000 cas recensés.
Cette flambée congolaise est particulière : Elle sévit dans une zone de conflit armé et plus de 60 % des patients sont des femmes, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En plus des combats, la riposte est compliquée par la résistance des communautés locales face aux équipes sanitaires.
Le virus Ebola se propage par contact physique avec des fluides corporels infectés (sécrétions des muqueuses, salive, sueur, vomissures, matières fécales ou sang ) et provoque une fièvre hémorragique importante et une défaillance des organes qui peut entraîner la mort.
Christine Tshibuyi