Global Witness s’inquiète de la présence de personnes soupçonnées de détournements dans l’équipe de Shadary

Meeting du FCC au Stade Père Raphael

Global Witness et la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF) notent que certains membres de l’équipe de la cellule « finance » de l’équipe de campagne d’Emmanuel Ramazani Shadary comprend des personnalités ayant supervisé des agences, départements ou projets dans lesquels des fonds publics importants ont disparu, au cours de la dernière décennie. Les deux organisations citent notamment Moïse Ekanga Lushyma et Albert Yuma, qui sont tous les deux « à la tête d’agences publiques dotées d’un bilan douteux en matière de gestion des ressources ».

Lorsqu’un candidat à la présidence de la République, soumis à des sanctions européennes, s’allie avec des personnes qui dirigent des institutions clés dans un régime déjà accusé de corruption généralisée, il existe un risque réel que la frontière entre l’argent public et les intérêts politiques privés devienne floue pendant cette campagne électorale ", a déclaré Peter Jones de Global Witness. "Nous avons appelé à lancer des enquêtes sur ces personnes et les institutions qu’elles dirigent, mais Shadary semble plutôt les récompenser par des positions de pouvoir », font remarquer Global Witness et la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF.

Les deux organisations rappellent que Moïse Ekanga Lushyma est le chef du Bureau de coordination et de suivi du programme sino-congolais (BCPSC), qui gère les principales relations d’affaires de la RDC avec la Chine. Elles notent que le Centre Carter a découvert que des centaines de millions de dollars de prêts chinois, gérés par le BCPSC sous la gérance d’Ekanga, n’ont pas été dépensés pour les projets auxquels ils étaient alloués entre 2008 et 2014. Le BCPSC n’a pas été en mesure de justifier cet argent manquant, ajoutent-elles.

PPLAAF avait aussi révélé que Ekanga avait représenté l’Etat congolais dans ses négociations avec un opérateur portuaire, qui seraient entachées de graves soupçons de détournement. Le contrat en question était censé créer une structure de sociétés permettant l’enrichissement personnel d’individus, politiquement exposés, dont Joseph Kabila.

Albert Yuma, gère la société minière publique la Gécamines (Société Générale des Carrières et Mines), depuis 2010. Global Witness et le Centre Carter ont, tous les deux, signalé la disparition des centaines de millions de dollars de recettes publiques qui avaient été versés à la Gécamines pendant le mandat de Yuma. La Gécamines, sous la présidence de Yuma, a vendu des concessions minières à Dan Gertler, un homme d’affaires israélien. Après avoir acquis des actifs et des sources de revenus clés pour la RDC auprès de ou via la Gécamines, Gertler a été sanctionné en décembre 2017 en vertu de la loi américaine Magnitsky, par le président américain Donald Trump pour corruption dans les transactions minières menées en RDC.

C’est inquiétant de voir que les mêmes noms apparaissent encore et encore dans ces rapports, a déclaré Henri Thulliez, co-fondateur de PPLAAF. Le candidat Shadary a décidé de fermer les yeux sur les graves allégations de mauvaise gestion des fonds publics par ceux qu’il a recrutés pour l’aider à se faire élire.

 « Global Witness et PPLAAF affirment qu’Ekanga et Yuma doivent assumer la responsabilité de détournements inexpliqués de fonds publics d’institutions étatiques sous leur surveillance, et que tant que ces questions ne sont pas résolues, ces personnes restent des choix inappropriés pour gérer les finances de la campagne. Ni Global Witness ni PPLAAF ne suggèrent l’existence de preuve d’implication personnelle dans des actes répréhensibles commis par Ekanga ou Yuma », dit un communiqué de deux organisations.

Du côté du Front Commun pour le Congo (FCC), on parle d'accusations gratuites et on demande des preuves.