Le désengagement, désarmement et intégration des groupes armés non étatiques fait partie des dispositions contenues dans l'accord de la paix signé ce vendredi 27 juin 2025 par la République Démocratique du Congo et le Rwanda sous la médiation américaine. Afin de promouvoir une cessation durable des conflits et de réaliser le potentiel économique de la région, rapporte l'accord publié par le département d'État américain, les parties soutiennent les négociations en cours entre la RDC et l’AFC/M23 avec la médiation de l’État du Qatar à Doha et les efforts visant à désarmer et à démobiliser les groupes armés non étatiques.
D'après l'accord, les parties cessent immédiatement et sans condition tout soutien de l’État aux groupes armés non étatiques, sauf dans la mesure où cela est nécessaire pour faciliter la mise en œuvre du présent accord. D’une manière séquencée et coordonnée avec le désengagement des forces, et comme le disposeront d’autres accords à venir, les parties appuient le désengagement, le désarmement et l’intégration des groupes armés non étatiques prévue par d’autres accords ou processus et par le Processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration communautaire et de stabilisation (P-DDRCS) ainsi que le Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité, conformément à la section 3 du présent Accord.
"Toute réintégration éventuelle des combattants dans les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la Police nationale congolaise (PNC) s’effectue de manière rigoureuse, individualisée, et conditionnelle, au cas par cas, sur la base de critères clairs, y compris l’aptitude physique et morale, en particulier le respect et l’absence de violations graves du droit international humanitaire et la loyauté envers l’État et ses institutions", prévient l'accord signé par la RDC et le Rwanda.
Il sied de signaler que la question de la rébellion de l'AFC/M23 est prise en charge au niveau de la médiation du Qatar. Depuis quelques mois déjà, les délégués du gouvernement congolais et de la rébellion soutenue par le Rwanda poursuivent des discussions en vue de parvenir également à la signature d'un accord de paix entre les deux parties. En réaction à cette démarche,le mouvement citoyen LUCHA avait salué tous les efforts, y compris ceux du Qatar, visant à mettre fin à la souffrance des civils victimes de la guerre du M23 soutenu par le Rwanda, à l'occupation du territoire congolais et au pillage systématique de ses ressources au profit des prédateurs nationaux et étrangers.
Cependant, ce mouvement citoyen exprime sa crainte en rappelant que les précédents dialogues avec les rébellions armées soutenues par des États étrangers n'ont pas pu ramener la paix au Congo. De l'AFDL au M23, en passant par le RCD et le CNDP, les dialogues avec les rébellions ont plutôt donné lieu à des accords consacrant une impunité totale pour les crimes graves commis contre les populations civiles, le démantèlement progressif des forces de sécurité à travers l'intégration collective des rebelles mêlés à leurs soutiens étrangers et l'accès non démocratique aux responsabilités politiques.
Depuis la législature passée, les députés nationaux ont adopté mardi 8 novembre 2022 la recommandation portant interdiction d'intégrer, de mixer et de brasser des éléments des groupes armés terroristes et autres au sein des forces armées, de la police nationale et des services de sécurité de la République Démocratique du Congo. Cette recommandation sera adressée au gouvernement afin de prémunir les forces armées congolaises, la police nationale et autres services de sécurité de l'infiltration et autres conséquences néfastes découlant des processus répétés de mixage et de brassage des groupes. L’initiative est du président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso.
Dans sa réplique à une série des préoccupations soulevées par ses collègues députés nationaux, Christophe Mboso a tenu à préciser que l'intégration dans l'armée et autres services de sécurité sont strictement interdits. Toutefois, il n’exclut pas des discussions dans le volet politique qui doivent être “limitées”.
Clément MUAMBA