Beni : La société civile dénonce le "terrorisme" et plaide pour une meilleure protection des populations

Un militaire au champ de bataille près dans la périphérie de Beni

Ce vendredi 16 novembre 2018, les organisations de la société civile ont à nouveau qualifié d’actes "terroristes" les tueries perpétrées depuis quatre ans à Beni par des présumés combattants ADF.

Organisée à Kinshasa, la conférence "La responsabilité de protéger la population de la RD Congo" a rassemblé des professeurs d’université ainsi que des délégués de la société civile du Nord-Kivu et du Kasaï Central. L’ensemble des panélistes en a profité pour énumérer les différents crimes commis à l’encontre des civils dans cette région du pays.

Plus de 2 792 personnes tuées par an à Beni

Participant à la rencontre, Teddy Kataliko, membre de la société civile de Beni, affirme que "l’ennemi s’attaque à une certaine catégorie de personnes notamment les femmes et les enfants en utilisant des armes blanches. Ils éventrent  les femmes enceintes, entrent dans les maternités et cognent des nouveau-nés aux murs pour les amener à la morgue par force. Ils lancent les bombes artisanales en pleine ville de Beni, ils incendient des camions sur les axes routiers Kasindi-Beni, Beni-Bunia... Ce sont des preuves qu’on a affaire à des terroristes", a expliqué M. Kataliko avant de poursuivre sur les origines des agresseurs qui, selon lui, sont ressortissants de plusieurs pays étrangers répertoriés au sein des Forces démocratiques alliées (ADF), actives au Congo depuis 1995. "Plus de 70 personnes ont été capturées (Ndlr : par les Forces armées congolaises) sur les lignes de front et, souvent, la plupart viennent des pays voisins notamment la Tanzanie, l'Ouganda, le Burundi, la Somalie, la Centrafrique. Ils viennent dans cette région (Beni) en pleine forêt s'entraîner et sont soumis à des exercices sur le terrain", a-t-il déclaré.

Cet acteur de la société civile estime à plus de 2 792 personnes tuées par an à Beni, soit une moyenne de 54 personnes par mois. "Les derniers cas datent du jeudi 15 novembre à Oicha où l’on a enregistré 5 morts dont 4 hommes et une femme et 18 maisons incendiées", soutient-il.

Dans un  rapport publié ce jeudi 15 novembre, le Groupe d’étude sur le Congo (GEC), projet de recherche installé à l’Université de New York (USA), affirme que les ADF se présentent comme des terroristes implantés dans une large zone de l'Afrique de l'Est, en utilisant des méthodes similaires à celles des Al-Shabaab, Al Qaida, ISIS et Boko Haram.

Une coalition  terroriste internationale, avertit l'armée

En septembre dernier, l'armée avait accusé des ressortissants étrangers d'être à la base des tueries massives des civils à Beni et à Fizi (Sud-Kivu).

"L’armée informe l'opinion tant nationale qu’internationale que les tueries commises récemment contre nos populations dans les territoires de Beni et Fizi sont l'œuvre d'une coalition  terroriste internationale regroupant des sujets ougandais, rwandais, burundais, kenyans, tanzaniens, sud-africains, mozambicains ainsi que d'autres renégats œuvrant à partir de certains pays voisins", avaient souligné les FARDC dans un communiqué signé par leur porte-parole, le général Léon-Richard Kasonga.

Depuis lundi, les Forces armées congolaises appuyées par les forces onusiennes ont lancé une offensive contre les rebelles ADF, dans la forêt de Mayangose, au nord-est de la ville de Beni. Après trois jours d'intenses combats, une position stratégique des rebelles, située à Kididiwe, est passée sous le contrôle de l'armée. Sept casques bleus (six Malawites et un Tanzanien) ont été tués, selon l'ONU. L’armée congolaise n'a pas communiqué le bilan des combats qui sont en cours. Mais le porte-parole du gouvernement parle de 12 soldats tués.

Thérèse Ntumba (stagiaire IFASIC)