RDC : L'armée et la Monusco veulent "interrompre" les activités des ADF à Beni

Le commandant de la force de la MONUSCO et le commandant des OPS Sukola 1  / Ph. Yassin Kombi / ACTUALITE.CD

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) ont planifié conjointement une série d’offensives contre les Forces démocratiques alliées (ADF) afin "d’interrompre" les activités de ce groupe armé, a annoncé jeudi la mission onusienne.

Lancées le 13 novembre 2018, ces opérations, impliquant notamment des hélicoptères de chasse, ont été initiées en réponse aux attaques répétées contre la population civile de la région de Beni.

"Je salue le sens du service et du sacrifice dont ont fait preuve nos soldats de la paix dans l’intérêt du peuple congolais. Nous sommes déterminés à conserver l’initiative contre les ADF et les autres forces négatives présentes dans la région", a déclaré la Représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU en RDC, Leila Zerrougui.

Dans le cadre de cette initiative d’envergure, l'armée et la brigade d'intervention de la  MONUSCO ont localisé et attaqué des positions clés des ADF. Certaines d’entre elles ont pu être reprises et plusieurs éléments des ADF capturés.

- Forte résistance des ADF

Au cours de ces opérations, les FARDC et la MONUSCO se sont heurtées à une "forte résistance de la part des ADF", ce qui a entraîné des pertes dans les rangs des FARDC et de la MONUSCO, a indiqué la responsable onusienne. Six Casques bleus malawites et un Casque bleu tanzanien ont été tués et dix autres blessés. Plusieurs soldats des FARDC auraient également été tués ou blessés au cours des opérations.

"Les meurtres brutaux qui sont perpétrés par les ADF contre les civils doivent cesser. La MONUSCO et les FARDC travaillent ensemble afin de mettre un terme aux atrocités commises par ce groupe", a déclaré la cheffe de la Monusco, rassurant que les opérations se poursuivent pour que la population du Nord-Kivu jouisse "d’un futur à l’abri de la peur" dans la région.

- Tentative de coalition avec un mouvement djihadiste 

Projet de recherche installé à l’Université de New York (USA), le Groupe d’étude sur le Congo (GEC), a estimé, jeudi, dans un rapport que les rebelles ADF semblent de plus en plus vouloir diffuser leurs messages à un public plus large en Afrique de l’Est et tentent de se présenter comme faisant partie d’un ensemble plus vaste de groupes djihadistes radicaux. 

La RDC pourrait être intéressante pour les organisations djihadistes en grande partie en raison de la faiblesse de ses institutions publiques et la difficulté d’accès de son territoire, prévient GEC dans son rapport.

Si un lien direct entre les ADF et un réseau plus vaste du terrorisme n’est pas encore clairement défini, le GEC note que la récente arrestation d’un intermédiaire financier kényan d’ISIS a révélé les premiers liens concrets qui unissent les ADF à d’autres groupes djihadistes par le biais de transactions banquières.

Depuis octobre 2014, le territoire de Beni connaît une vague de massacres, attribuée aux rebelles ADF, présents dans la région depuis 1995.  Un millier de civils ont déjà été tués par ces combattants, selon le gouvernement.

Les ADF qui n'ont pas de revendications claires ni de commandement connu, sont également accusés d'avoir tué 15 Casques bleus tanzaniens, en décembre 2017, lors d'un assaut contre une base de la MONUSCO à Semuliki, toujours dans le même territoire.

Christine Tshibuyi