RDC : La réponse armée ne suffit pas contre les ADF, la MONUSCO n’exclut pas la négociation

Le contingent tanzanien de la Monusco en entrainement au camp de Mubambiro, environ 25 km à l'ouest de Goma

La Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) n’exclut pas une négociation avec les combattants ADF pour rétablir la paix dans l’Est de la RDC.

« Nous avons une stratégie développée pour travailler sur la problématique de l’ADF. Personnellement, je ne crois pas qu’un groupe qui est dans ce pays depuis les années 1980, on peut le vaincre que par les armes. Il ne faut jamais exclure toutes les options qui vont mettre pression sur un groupe armé pour déposer les armes », a dit la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, Leila Zerrougui, au cours d’une conférence de presse tenue ce mardi à Kinshasa.

Elle a précisé la nature de la négociation.

« Ce n’est pas légitimer l’action de l’ADF. Ce n’est pas dire qu’il faut une négociation politique avec l’ADF. Les négociations peuvent se faire dans la mesure où on dit déposez les armes, rendez les enfants. Avoir cette possibilité, si la réponse militaire n’est pas suffisante, elle peut être un moyen de pression très fort. Je n’exclus aucune possibilité. Les ADF sont un groupe armé étranger qui ne peut pas avoir des revendications politiques en RDC. On peut dire : vous déposez les armes, vous libérez les enfants et on met fin à un groupe armé. On est en train de faire la même chose avec les FRPI (Forces de résistance patriotique de l’Ituri) », a t-elle précisé.

Fin septembre, une délégation de FRPI avait rencontré la Monusco et le gouvernement à Kinshasa. Les autorités congolaises avaient promis de proposer un projet de loi d’amnistie pour faits insurrectionnels commis par les combattants de ce groupe armé. Kinshasa et la MONUSCO devront débloquer des fonds nécessaires à l’organisation « des négociations directes Gouvernement –FRPI ».

« Comment vous allez gagner militairement? En tuant tout le monde à Medina où il y a plus de femmes et d’enfants que d’hommes armés. Il faut essayer toutes les opportunités, la pression militaire, mais aussi les emmener par la raison, par les gens qui peuvent leur parler à déposer les armes (…). La justice est également un moyen de réponse (…). Je ne prône pas l’impunité. Tous les moyens doivent être mis en place. Le nombre de militaires congolais qui sont morts est très élevés. Nous avons nos hommes qui ont été également tués. Nous avons aussi un homme qui a été enlevé (…). C’est tout un travail », a expliqué Zerrougui.

Selon Human Rights Watch et le Groupe d’étude sur le Congo, au moins 235 personnes ont été tuées au cours de plus de 100 attaques menées à Beni entre janvier et septembre de cette année. Plus de 165 civils ont été kidnappés pour obtenir une rançon, et des dizaines d’autres ont été blessées ou ont disparu.

Patrick Maki