Révision de la Loi électorale : Comment le PPRD veut dicter sa loi au sein de la MP

<span style="font-weight: 400;">Le président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), Nangaa Yobeluo, a tenu une réunion consultative pour tenter de convaincre les députés de la majorité présidentielle d’appuyer le projet de révision de la loi électorale, notamment sur la question du seuil de représentativité qui, visiblement, n’est pas du goût des élus de la famille politique au pouvoir.</span>

<span style="font-weight: 400;">Jeune Afrique (JA) a rendu publics des documents sonores qui révèlent de manière claire et nette, d’un côté, la crainte des élus de la MP notamment sur le financement de leurs élections dans les conditions imposées et, de l’autre, la détermination de la direction du parti présidentiel à obtenir cette réforme qui relève de la volonté même de l'initiateur du parti. </span><span style="font-weight: 400;"> Des documents sonores pour le moins accablants d’un débat interne des membres du parti présidentiel à la suite de l’exposé du président de la CENI.</span>

<span style="font-weight: 400;">Les confrères de Jeune Afrique attribuent la première déclaration à Henri Mova Sakanyi. Le secrétaire général du PPRD invite ses collègues à défendre le choix de cette réforme de la loi électorale du parti qu’il juge de “meilleure voie” et qu’aller à l'encontre voudrait dire avoir triché par rapport aux engagements du parti et à “la volonté” de l’initiateur du parti</span>

<i><span style="font-weight: 400;">“La meilleure voie, c’est celle que nous avons choisie, il faut la défendre jusqu’au bout ici en discutant, plutôt que d’aller le faire devant les caméras parce qu’ici, nous pouvons approfondir et nous avons le temps de le faire. Mais si nous estimons que les choses devraient continuer comme ça, nous aurons triché par rapport à nos propres engagements et à la volonté de l’initiateur de notre parti. Donc, je souhaiterais que le camarade président intervienne pour lancer les débats et que vous ayiez à nous dire nos chances de succès si éventuellement cette loi, telle que suggérée ou les introductions des changements que nous allons faire afin que triomphe notre point de vue. C’est pour ça qu’on est aussi une majorité et non pas subir l’effet de bombe parce que l’opposition a le vent en poupe, nous devons nous incliner, et renverser la pyramide là où nous devrions gagner par la loi du nombre”, </span></i><span style="font-weight: 400;">a déclaré Henri Mova Sakanyi.</span>

<span style="font-weight: 400;">Le secrétaire général de la Majorité présidentielle, Aubin Minaku, également président de l’Assemblée nationale, lui, reste plus prudent, rapporte JA. Dans sa déclaration, le numéro un du perchoir attire l’attention de ses collègues sur le fait que plusieurs autres réformes de la loi électorale ont tous été rejetées. Ils les invitent donc à réfléchir sur la démarche et les risques qu’elle peut comporter.</span>

<i><span style="font-weight: 400;">“Le débat devrait être franc pour qu’on sache, maintenant que tous les autres sont contres, nous les 150 députés plus ou moins que nous sommes de la majorité, encore qu’il faut relativiser, qu’est-ce qu’on fait ? Vous vous souviendrez, pour ceux qui étaient la session passée, nous avions défendu l’apparentement. En plénière ce jour là, ceux qui prenaient la parole pour défendre la révision de la loi électorale, c'étaient Ramazani, Kayumba et moi et sous la direction de Boshab. Et chaque fois, c’était un rejet. Rejet total ! Tout était finalement rejeté. Est-ce que nous allons jusqu'au bout en sachant que cela peut être rejeté de cette manière ? Sur le plan politique, est-ce bon ?”, </span></i><span style="font-weight: 400;">s’est interrogé Aubin Minaku.</span>

<span style="font-weight: 400;">Pour Henri Mova, le choix de la réforme reste meilleur malgré les craintes et les réticences. Selon lui, il n’est pas question d’être obligé de conclure des alliances avec d’autres formations politiques ou d’autres partis pour au final se partager “le gâteau qui n’a pas grossi”.</span>

<i><span style="font-weight: 400;">“Nous n’avons pas besoin d’écouter un camarade nous dire “vous devez quitter le gouvernement” parce que nous n’avons pas été capables de défendre les résultats nous-mêmes, nous avons eu d’un accord et d’introduire des gens dans le gâteau qui n’a pas grossi du fait qu’il y a de nouveaux venus. Le fait qu’on dise qu’il n’y a que 50 ministres, ça signifie que ceux qui en avaient plus doivent libérer. Vous vous imaginez ? On souffre ! Le camarade Shadary est témoin, c’est en dernière minute qu’on dit même le ministre des Sports, trouver les moyens de dire au camarade Willy Bakonga que nous l’avons cédé. En dernière minute parce que le Premier ministre insiste, lui aussi doit être crédible en face. Vous ne vous imaginez pas toutes les peines. Que telle province n’ait pas pu être représentée, quel argument utiliser? Et les camarades n’ont pas démérité, mais ils doivent quitter du fait des arrangements politiques (...) Plus nous avançons, moins il y a des postes et donc plus de frustrations. Est-ce pour autant que dans la gestion des frustrations, nous devons empêcher quelque chose qui nous remet sur pied pour être beaucoup plus à l’aise? (...) Ne parlons pas comme si nous étions de l’opposition. Qui est-ce qui se sont le plus enrichis finalement ? Même dans le gouvernement, combien ils touchent ?”.</span></i>

<span style="font-weight: 400;">Visiblement en peine de convaincre, Henri Mova soutient que le PPRD est en train de trahir ses convictions et ses engagements en soutenant chaque jour un premier ministre “venu de je ne sais de quel bord politique”, rapporte JA.</span>

<i><span style="font-weight: 400;">“Tout le monde est contre. Ici aussi, au niveau du PPRD, il y a des contradictions. Est-ce que nous aurons 260 voix pour faire passer notre projet ?”,</span></i><span style="font-weight: 400;"> interrogation sur un ton moins rassurant d’Emmanuel Shadary. La réponse de l’assistance est sans appel : “Non”.</span>

<span style="font-weight: 400;">Aubin Minaku reprend la parole et pour apaiser les craintes des partis qui pourraient disparaître, révèle à l’assistance que certaines formations politiques appelées “mosaïques” ne sont pas de vrais partis, mais ont juste été créés par stratégie politique. Il va plus loin et cite le nom d’un parti où son épouse et ses collaborateurs sont des membres fondateurs.</span>

<i><span style="font-weight: 400;">“Les partis mosaïques, ce ne sont pas des partis politiques. C’est des instruments de stratégie électorale. C’est des partis tiroirs, sans militant, sans drapeau et tout ça. Je prends l’exemple du PPT. Mon assistant Alex, il est membre fondateur du PPT (rires de l’assistance) parce qu’il était à mes côtés au moment où on devait élaborer les statuts. L’épouse de Ramazani, mon épouse. Katumba n’était pas d’accord. Mon épouse, mes collaborateurs, c’est eux les membres fondateurs, parce que nous nous étions dit s’il y a déviance, il faut que les membres fondateurs qui nous sont proches puissent statuer. Heureusement qu’il n’y a pas encore déviance… (Rires)”.</span></i>

<span style="font-weight: 400;">Corneille Nangaa a réussi à convaincre et même épater, dans ce qui paraît comme un jeu des dupes, les députés que l'utilisation de la machine à voter n’est pas le vote électronique. </span>

<i><span style="font-weight: 400;">“Le président de la Ceni a vraiment saisi l’opportunité pour expliquer que la machine à voter, n’est pas un vote électronique. Il les a vraiment épatés et convaincus”</span></i>

<i><span style="font-weight: 400;">“Dans ce contexte d’aujourd’hui est-il bon de subir un échec en plénière ? Je me souviens de l’époque où on avait un échec, je vois Boshab comment il commençait à utiliser son marteau. Je vois Ramazani qui était à mes côtés, ce n’était pas facile. Mais s’il arrivait par impossible que l’opposition change de position, ça passe en notre faveur. Parce que c’est ça notre point de vue. Les opposants disent aujourd’hui quelque chose de très important. Puisque si la Majorité est en train de réviser la loi électorale, ce que c’est à son intérêt. Et donc, nous devons rejeter. C’est ce qu’ils ont dit. Nous avons peut-être mal choisi le moment parce qu’une loi électorale qu’on refuse et qui est dans l'intérêt de la majorité, nous devons la soutenir. Mais nous nous rendons compte que pour nos alliés au sein de la majorité , ce n’est pas si évident. D’où la difficulté.</span></i>

<span style="font-weight: 400;">Corneille Nangaa, président de la CENI, a rencontré ce vendredi les groupes parlementaires de la majorité au sujet du projet de révision de la loi électorale. Il ressort  que toutes les innovations ont été acceptées. Le point qui divise reste celui de l’instauration d’un seuil d’éligibilité de 0,5 à 3% au niveau national. Pour participer à la distribution des sièges, un parti doit atteindre 0,5 à 3% des suffrages valables à l’échelon national.</span>

<span style="font-weight: 400;">Au PPRD, les craintes d’un échec et donc le rejet pur et simple de la réforme inquiète. Mais pas que. La réforme pourrait passer et avoir un effet contraire que celui attendu pour la famille politique au pouvoir. Plusieurs élus craignent de ne pas pouvoir conserver les sièges et certains partis ont peur de disparaître. Pour conserver le “gâteau” qui n’a pas grossi, la direction du parti tente de convaincre les élus de la nécessité de soutenir le projet.</span>