"Kabila a inauguré une nouvelle manière de commémorer l'indépendance" - (Analyste)

Depuis la proclamation de l'indépendance de la République du Congo/Kinshasa, le jeudi 30 juin 1960, jamais un anniversaire à l'accession du pays à la souveraineté nationale et internationale n'est passé sans que le devoir de la charge n'oblige le chef de l'Etat à adresser ses vœux à la Nation en vue d'établir le bilan de l'exercice écoulé en même temps de poser les prospectives pour indiquer la marche à suivre.

Laurent Désiré Kabila en était bien rodé en étalant une dialectique qui lui permettait d'épater par une diction dont il se savait fort avec des accents nationalistes et révolutionnaires adaptés à son combat.

Joseph Désiré Mobutu Sese Seko s'y prêtait également de bonne grâce. Mais, quand il lui arrivait d'appeler le peuple à la méditation, à cette date, il ne s'en dérobait pas pour autant. C'était pour annoncer qu'il n'y aura pas de réjouissances particulières ou des défilés. Cela ne l'empêchait pas d'organiser une réception en l'honneur du corps diplomatique et des chefs de corps.

Joseph Kasa-Vubu, l'homme qui prononça l'indépendance du Congo au Palais de la Nation lors de la passation de pouvoir avec le Roi Baudouin, Souverain belge, sut honorer la tradition pendant cinq ans. Il lui avait même apporté une touche personnelle avec l'organisation régulière d'un garden-party au cours duquel, après son allocution, il partageait - en toute intimité et sans protocole -  un repas avec des centaines d'élèves des écoles primaires dans le jardin de la résidence présidentielle où il logeait, au Mont Stanley - qui deviendra Mont Ngaliema.

Joseph Kabila Kabange vient d'inaugurer, cette année, une nouvelle manière de commémorer la date de l'indépendance de la RDC. Pour des "raisons de santé", il invite la population congolaise, dans son ensemble, à célébrer, ce vendredi 30 juin 2017, cet anniversaire "dans le calme et la méditation". Communiqué signé par Lui-même et lu sur la chaîne nationale par le responsable de la presse présidentielle. Aucune manifestation officielle n'est donc prévue ni à Kinshasa ni dans les autres provinces du pays. Et, pourtant, il nous est arrivé, de souventes fois, de suivre des messages à la Nation du président de la République, signés par son directeur de cabinet. Le Père de la Nation n'a réellement eu rien à dire au peuple congolais, aujourd'hui durement meurtri, en cette circonstance propice et historique ?

Le pays va vraiment mal.

<strong>Analyste indépendant</strong>