Floribert Anzuluni et Jean-Jacques Lumumba : “Jeunes congolais, levons-nous !” - (Tribune)

Floribert Anzuluni, coordonnateur de Filimbi, et Jean-Jacques Lumumba, petit-neveu du héros national Patrice Lumumba, désignent, en marge du 57ème anniversaire de l’indépendance de la RDC, le régime de Joseph Kabila comme responsable de la crise que connaît actuellement le pays.

Dans une tribune envoyée à ACTUALITE.CD et intitulée <b>“Jeunes congolais, levons-nous !”</b>, les deux activistes qualifient l’opposition congolaise “d’amorphe” après le débauchage de certains de ses membres.

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<b>Tribune </b>

Notre patrie, la République démocratique du Congo, est aujourd’hui dans une situation chaotique. Le pays est victime d’un coup d’Etat savamment orchestré par M. Kabila depuis que ce dernier a foulé aux pieds l’accord politique du 31 décembre 2016. L’objectif du président était en réalité de désamorcer la mobilisation populaire résultant de la fin de son second et dernier mandat, le 19 décembre. L’accord a déstabilisé l’opposition politique dont une grande partie a été débauchée avec des postes dans l’administration.

Depuis, notre pays s’enfonce dans la misère et l’instabilité. Toute organisation d’un scrutin indépendant et impartial n’est plus que chimère tant le retard dans les élections a été organisé en complicité avec la Commission électorale nationale indépendante (CENI), dont les comptes au sein de la banque BGFI ont été vidés illégalement.

Les faits révélant la corruption à grande échelle et la mauvaise gouvernance s’accumulent. La répression contre les jeunes activistes pro démocratie et les arrestations arbitraires des opposants démontrent la brutalité du régime. Sans parler des massacres et tueries à l’Est de la RDC ou dans le Kasaï qui se multiplient, et ce en pleine impunité.

En tant que jeunes des mouvements citoyens indignés, en tant que jeunes exilés pour nos activités en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme, en tant que témoins de la corruption et des exactions, nous ne pouvons plus tolérer une telle banalisation de la vie humaine. Ekoki ! Ça suffit ! Libérons-nous de ces personnes qui prennent en otage le peuple. Offrons une alternative citoyenne à ce clan kleptocrate et à cette opposition amorphe. Prenons l’avenir du Congo entre nos mains et, avec courage, agissons ensemble. La limite du tolérable est dépassée.

Nous appelons la communauté internationale à s’attaquer au réseau financier mafieux national et international afin de priver le clan au pouvoir de l’accès aux ressources. Nous remercions les amis du Congo : ceux qui sont à l’origine des sanctions qui affaiblissent les piliers du régime, ceux qui ont travaillé pour la mise en place d’une mission d’enquête internationale indépendante sur les massacres du Kasaï ou ceux des mouvements Y’en A Marre et Balai citoyen qui ont rejoint notre lutte, parfois au péril de leur propre liberté.

Mais nous sommes les seuls, nous jeunes congolais, à pouvoir prendre notre destin en main. Nous seuls pouvons changer la donne. Personne ne le fera à notre place. Bilenge to telema ! Jeunes, rassemblons-nous ! Levons-nous !

Notre avenir se doit d’être à la hauteur de la beauté et de la richesse de notre pays. Nous rêvons de l’avènement d’un Etat au service des citoyens et respectueux des valeurs démocratiques. Nous voulons une gouvernance transparente portée par des leaders politiques d’une haute probité morale et dont le principal souci est de défendre les intérêts du peuple congolais. Le temps est venu d’identifier les citoyens à travers un recensement fiable pour permettre l’élaboration de politiques adaptées et réalistes dans tous les secteurs.

Nous autres jeunes activistes, nous nous inscrivons en vigies de l’activité politique du pays pour une réelle démocratie. Comme nous avons pu lancer l’alerte sur les graves malversations financières de l’argent public avec la complicité de banques internationales, comme nous avons pu dénoncer la grave répression qui s’abat sur notre pays et les atteintes incessantes aux libertés fondamentales, nous jouons le rôle de sentinelles pour que ni le régime en place, ni l’opposition, ne s’arrogent le droit exclusif de nous dicter l’avenir congolais.

Aujourd’hui nous sommes fiers d’être rejoints par les membres de la CENCO qui, dans leur message de leur 54ème Assemblée plénière « Le pays va très mal, debout Congolais ! », rappellent combien l’implication courageuse et altruiste de tous est impérative si nous ne voulons pas continuer à subir les conséquences de la monopolisation de la chose publique par une minorité.

Aujourd’hui, un autre Congo est possible. Jeunes de toutes les tendances, unissons nos forces vives, citoyennes et apolitiques pour nous débarrasser de ce régime kleptocrate et sanguinaire, et aidons notre pays à se mettre sur la voie d’élections libres, démocratiques et transparentes. L’heure du rassemblement citoyen pour le changement a sonné !